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Agriculture éthique : de Rivière-Ouelle à la Slovénie

Publié le 9 août 2023 à 18:04, modifié le 9 août 2023 à 18:04

Par: Laurence Frappier

Une femme originaire de Rivière-Ouelle a un parcours qui sort de l’ordinaire. Elle s’est installée sur une terre à l’abandon, dans un village de 11 habitants, en Slovénie. 20 heures sur 24, Jeanne Dumas-Chalifour s’affaire à cultiver les sols d’une façon éthique.

Jeanne Dumas-Chalifour a décidé de sortir des sentiers battus.

« Moi, je ne me considère pas nécessairement comme une agricultrice, explique celle qui a des racines à Rivière-Ouelle. Mais, je pense qu’il y a un travail vraiment plus politique, social, même artistique… »

En 2014, elle a déménagé dans le Piémont, en Italie, pour travailler avec un vigneron pionnier en biodynamie, Stefano Bellotti. Elle a rencontré Matteo en Angleterre, dans un salon des vins nature. En 2017, ils se sont installés ensemble dans les montagnes slovènes et ont eu deux enfants, Lou et Romeo.

Questionnée sur les raisons qui ont motivé ce déracinement, Jeanne répond : « Je ne dirais pas nécessairement que c’est un changement dans ma vie, au sens où c’est juste un parcours. » La femme de 35 ans voyageait depuis des années. Lors de ses études au Québec, en théâtre et en anthropologie, elle partait déjà à l’étranger à temps partiel.

Jeanne et Matteo ont acquis une ferme à l’abandon depuis une soixantaine d’années, dans une zone au paysage protégé. Donc, pas question d’utiliser de la machinerie ou de construire des infrastructures. Pour le couple, l’agriculture se fait en synergie avec la nature.

Approche aux sols

« Nous, on est au service de cet endroit-là. Ce n’est pas cet endroit-là qui est à notre service. »

C’est la philosophie derrière le travail de Jeanne et Matteo. Ceux qui s’identifient comme des combattants ne cherchent pas à adapter leur terrain à leurs productions, mais à faire des choix en fonction de ce qui pousse bien sur leurs terres.

« On utilisait juste l’eau qu’on avait dans cette source-là, raconte Jeanne. Alors quand c’est vraiment la sécheresse, il y a par exemple 400 litres d’eau, il n’y en a pas 800. Ce qu’on fait, c’est qu’on essaye vraiment de ne pas prendre plus que ce que la nature peut nous donner. »

Jeanne et Mattéo arrosent un hectare de légumes à la main, fertilisent uniquement avec le fumier de leurs chèvres et n’utilisent pas de variété de semences hybrides. Et il y a une raison derrière chacun de ces choix.

« La manière qu’on s’alimente, la manière aussi, où on décide d’acheter notre nourriture, la manière avec laquelle on cultive si on décide de cultiver, si on décide d’avoir un jardin… C’est tout ce que ça soutient », fait valoir Jeanne.

Cultiver ses valeurs

Pour la maraîchère, s’installer en Slovénie était le choix logique pour vivre en symbiose avec ses convictions.

« L’alimentation, ce n’est pas voté une fois aux quatre ans, l’alimentation, c’est voté trois fois par jour. »

« L’alimentation, ce n’est pas voté une fois aux quatre ans, l’alimentation, c’est voté trois fois par jour. »

L’objectif de l’ancienne Bas-Laurentienne n’est pas de nourrir le plus de gens possible. Comme elle l’explique, il est difficile d’être rentable, selon les standards d’aujourd’hui, avec ses méthodes. Son projet idéal est plutôt de donner aux gens le pouvoir de décider par eux-mêmes, de se nourrir par eux-mêmes.

« Quand on utilise des pesticides, explique-t-elle, ce n’est pas juste une question qu’on empoisonne la nature. C’est aussi qu’on donne toujours plus de pouvoir aux multinationales. »

La jeune femme fait la fierté de sa famille, qui vit toujours à Rivière-Ouelle.

 

Crédit images : Instagram de Jeanne Dumas-Chalifour