Acériculture: épandage d’insecticide pour lutter contre la livrée
Publié le 23 juin 2025 à 10:00, modifié le 23 juin 2025 à 12:56
Par: Jasmin Guillemette
L’épidémie de la livrée des forêts se poursuit. Des milliers de chenilles ont envahi de nouveau les arbres dans la région d’Edmundston, mais aussi au Témiscouata. Plusieurs acériculteurs doivent prendre les grands moyens pour limiter les dommages.
Les allers-retours de cet hélicoptère dans le ciel du Témiscouata se sont multipliés dans les dernières semaines. Les acériculteurs tentent à tout prix de freiner la progression de la livrée des forêts. L’an dernier, 3600 hectares avaient été arrosés par un insecticide spécialement préparé pour les érables. Cette année, la superficie a augmenté à 8700 hectares. « Le produit s’étend sur les feuilles d’érable. Ce sont des minuscules particules, et quand la chenille mange la feuille, c’est là que ça défait le système interne de la chenille », indique Chantale Francoeur, responsable du projet d’arrosage contre la livrée pour le Club d’encadrement technique en acériculture de l’est.
Voici le travail de ces petites chenilles : des érables complètement dénudés et figés en plein hiver, au cœur de l’été. En 2023, des acériculteurs ont remarqué une baisse de production dans les secteurs défoliés.
« Les secteurs où nous n’avons pas arrosé l’an passé, c’est là que ça a été critique. On a des érablières qui ont été défoliées à 100 %. Quand je dis 100 %, je dis, il n’y avait plus une feuille en sous-étage et autant en étage. J’avais un producteur qui a 80 hectares. Sur ces 80 hectares, il n’y avait plus une feuille », continue celle qui est aussi conseillère acéricole.
Le coût que doivent assumer des acériculteurs pour l’épandage d’insecticide : 112$ l’hectare. Les impacts réels de la livrée des forêts sont encore difficiles à déterminer, selon le Club d’encadrement technique en acériculture de l’est. Une étude est présentement menée en collaboration avec l’Université Laval.
« Ce qui n’est pas documenté, et qui sera important de documenter, c’est vraiment les impacts sur la rentabilité des entreprises. Si la livrée vient défolier de manière importante une érablière, l’année d’après, est-ce que le producteur peut s’inquiéter de voir sa production diminue de 10, 15, 20 % ? », se questionne le président des Producteurs et productrices acéricoles du Québec, Justin Plourde.
Malgré tout, la saison des sucres 2024 a été bonne. Le Bas-Saint-Laurent s’est démarqué avec une moyenne du taux de production supérieure à celle de la province. « Il y a eu une crainte quand on était rendu au début avril. On n’avait pas une grosse production de faite. À partir du 15 avril, Mère Nature s’est mise à coopérer », lance M. Plourde.
Les producteurs acéricoles du Québec prévoient une expansion importante dans les prochaines années. 2000 hectares supplémentaires de forêt publique ont été accordés par le gouvernement au Bas-Saint-Laurent. 7 millions d’entailles supplémentaires ont aussi été émises par les milieux acéricoles.