« Ce n’est pas beau dans le paysage… Non, absolument pas. C’est là-bas, ça? Ouais… non, ce n’est pas très beau. »

« Ça fait longtemps que ça dure, en tout cas… Ce n’est pas beau dans le paysage? Non, ce n’est pas beau… non. »

« Si la ville ne fait rien pour régler le problème, aucune compagnie ne va venir et payer pour nettoyer tout ça. Peu importe… Tout le monde a perdu de l’argent avec ça. Ils sont coincés. », lancent, tour à tour, ces citoyens de Bathurst, croisés dans un commerce de la municipalité.

Laids, dangereux, contaminés, un frein à l’économie locale… les qualificatifs pour décrire les terrains abandonnés de la Smurfit Stone sont nombreux. Depuis 2005, le paysage n’a pas changé… Mais, des élections provinciales pourraient modifier le portrait.

« Il y a un peu de « staling », comme on dirait en anglais. … Ça n’avançait pas à la vitesse que les gens voulaient. Mais, on peut voir qu’on est plus proche d’une élection et je pense que ça fait bouger les choses. Ça fait parler gens. », dit René Légacy, député de Bathurst-ouest-Beresford.

« … après, il va y avoir une élection. Alors, tout va se calmer. Mais, si avant les élections, ils pouvaient acquérir le terrain, on serait un pas en avant. », ajoute la mairesse de Bathurst, Kim Chamberlain.

L’optimisme affiché par les politiciens vient du fait que le propriétaire des terrains est décédé. La nouvelle en soi n’a rien de réjouissant. Mais le fait que les taxes sont impayées sur ce terrain depuis plusieurs années oblige le gouvernement à récupérer la propriété… et tenter de la revendre.

« Il y aura une vente de taxes la semaine prochaine. Par contre il est trop tard pour ce dossier. Il y aura une autre vente de taxes en juillet… Et à partir de là, on verra. Mais ultimement, le développement de cette propriété, et une priorité… Pas simplement pour Bathurst, mais aussi pour la province du Nouveau-Brunswick. C’est un endroit magnifique, et il doit être décontaminé. », a lancé Ernie Steeves, ministre des Finances de la province, lorsque questionné par monsieur Legacy… lors de l’étude des crédits du dernier budget provincial.

Or, si personne n’achète ce terrain, le gouvernement sera « enchaîné » à la Smurfit-Stone… et c’est là qu’intervient une obscure loi de la province qui oblige le gouvernement à décontaminer tout terrain qui lui appartient. Fredericton pourrait donc être obligé d’éponger la facture de décontamination, soit un peu plus de 12 millions de dollars à la dernière évaluation.

« Le terrain, tel quel… il est presque aussi gros que le reste du centre-ville. Imaginez le potentiel perdu. On est très heureux que la province ait été à l’écoute… de vouloir nous écouter. Et on voit qu’il y a un pas de l’avant, pour eux, d’acquérir le terrain. », sourit la mairesse.

La municipalité de Bathurst peut donc rêver d’un avenir meilleur, d’un essor économique industriel, commercial et locatif comme on n’en a pas vu depuis longtemps dans le nord de la province

« C’est sur le bord de la rivière. Il y a un potentiel de développement incroyable. Je pense qu’on pourrait en faire un joyau du Nord du Nouveau-Brunswick de la province. », termine monsieur Legacy.

Si rien ne bouge encore, le site de la Smurfit Stone pourrait devenir un terrain d’affrontement lors des prochaines élections… et toute cette agitation profite, très certainement, à la municipalité de Bathurst.