Meurtre à Cacouna : Steve Chassé est déclaré non criminellement responsable
Publié le 1 avril 2025 à 09:49, modifié le 1 avril 2025 à 21:24
Par: Catherine Pellerin
Le meurtrier de Cacouna, Steve Chassé, est déclaré non criminellement responsable sur tous les chefs d’accusation. Le juge de la cour Supérieure a rendu la décision ce mardi, au palais de justice de Rivière-du-Loup.
Les trois psychiatres qui ont évalué Steve Chassé, ont eu la même conclusion : l’accusé était atteint de troubles mentaux et était dans un état psychotique lorsqu’il a commis ses crimes.
Le DPCP a d’ailleurs aussi fait analyser la preuve et le rapport initial rendu par l’Institut Philippe-Pinel le 19 août 2024. Me Annie Landreville a déclaré qu’elle a dû se résigner très rapidement dans ce dossier à ne pas contester la demande de la défense et « qu’il aurait été impossible de prouver qu’il était criminellement responsable de ses gestes.»
Les experts ont démontré que Steve Chassé avait perdu contact avec la réalité lorsqu’il a tué avec un couteau son voisin, Pierre Bélisle, 74 ans pour ensuite découper son cadavre et le jeter aux ordures. Il était également atteint d’un « délire de persécution ».
« Les preuves médicales étaient claires, elles étaient non contestées. Il allait de soi que monsieur soit déclaré non criminellement responsable », a mentionné l’avocat de la défense, Me Félix-Antoine Doyon, qui a également affirmé au juge que son client a démontré de la culpabilité et des regrets face au geste qu’il a commis.
L’accusé de 41 ans, qui était calme et posé, a reconnu les faits qui ont été présentés devant le juge. L’homme était accusé notamment de meurtre au premier degré et d’outrage à un cadavre.
Chronologie des évènements
Une véritable histoire digne d’un film d’horreur s’est déroulée dans un immeuble à logements à Cacouna à l’automne 2023.
Le 26 septembre, il est entré par la fenêtre de l’appartement de Pierre Bélisle pour lui enlever la vie avec un couteau. Il a été possible d’apprendre, lors de l’énoncé des faits, que Steve Chassé a enregistré le meurtre.
« Sur cet enregistrement, il est possible d’entendre du vacarme et la victime crier à maintes reprises de douleur. Quelques minutes plus tard, tout devient calme. L’accusé se parle seul et injure la victime. […] Il a des propos décousus et imite à certains moments les cris poussés par la victime au moment du meurtre et lui mentionne qu’il entend le découper comme un lièvre », a affirmé la procureure.
C’est à la suite d’une cybersurveillance sur Internet que les policiers se sont présentés à son logement. Steve Chassé a tenu des propos inquiétants et haineux sur un réseau social russe, envers le gouvernement canadien et Justin Trudeau, « affirmant qu’il faisait partie de la mafia italienne et sicilienne ».
Toujours sur les réseaux sociaux, il a mentionné par la suite avoir tué son voisin, qui voulait selon lui l’empoisonner, « en le découpant en petits morceaux pour nourrir les poissons ». Dans une vidéo, il exhibait par ailleurs un couteau et une arme de calibre 22.
Deux semaines après le meurtre, une vaste opération policière s’est déroulée à Cacouna. Alors qu’il était en crise et qu’il tenait des propos décousus, il s’est barricadé dans son logement pendant plus 24h.
Il a également mentionné aux policiers à ce moment « qu’il avait tué, découpé et mis dans le conteneur à déchets » son voisin. Pendant l’intervention, il avait tiré plusieurs coups de feu dans son appartement et avait aussi tenté d’atteindre avec son arme deux agents du Groupe tactique d’intervention. L’enquête a permis de conclure par ailleurs que le calibre 22 appartenait à sa victime.
Par la suite, des restes humains appartenant à Pierre Bélisle ont été trouvés au site d’enfouissement de Cacouna.
Délinquant à haut risque?
L’avocate de la Couronne, Me Annie Landreville, a déposé une requête pour que Steve Chassé soit reconnu délinquant à haut risque.
La défense a toutefois demandé une autre évaluation pour évaluer sa dangerosité. L’homme reste donc détenu, jusqu’à nouvel ordre, à l’Institut Philippe Pinel, où il subira cette évaluation dans les 60 prochains jours.
S’il est déclaré délinquant à haut risque, il restera dans un institut psychiatrique, tant que la Cour ne révoquera pas ce statut.
Le dossier reviendra devant le juge le 2 juin.