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La pêche à la crevette menacée de disparaître ?

Publié le 7 juillet 2023 à 17:14, modifié le 7 juillet 2023 à 17:17

Par: CIMTCHAU

En 15 ans, les populations de crevettes nordiques dans le golfe du Saint-Laurent ont drastiquement diminué. À Rivière-au-Renard, c’est tout une industrie, une tradition qui est menacée de disparition. Un scénario qui paraissait impossible il y a encore 10 ans.

La capitale des pêches subit de plein fouet les changements climatiques en cours dans le golfe du Saint-Laurent. Les mutations sont nombreuses, rapides et imprévisibles. Pour les crevettiers de Rivière-au-Renard, la situation ne pourrait être pire. Alors que plane déjà l’idée d’un moratoire sur la crevette qui serait prononcé par le MPO, certains n’ont pas attendu que l’annonce soit faite, pour arrêter leurs activités devenues trop peu rentables.

Le président de l’association des capitaines propriétaires de la Gaspésie en témoigne. « Il y a des capitaines qui parlent d’arrêter complètement. Il y en a un qui parle d’arrêter cette semaine. J’ai entendu des gars qui vont peut-être essayer un autre voyage, mais les gars parlent de plus en plus d’arrêter, parce qu’on sort de l’argent de nos poches pour pouvoir payer les frais, parce que tout a augmenté. »

La pêche à la crevette fait partie de la tradition à Rivière-au-Renard. Si l’on cumule les emplois qui dépendent localement de la crevette et de sa transformation, on atteint 450 postes. Ces derniers sont directement menacés dans les mois et années à venir. C’est toute la communauté locale qui dépend, d’une manière ou d’une autre, de ce type de pêche. 

Le golfe du Saint-Laurent se réchauffe vite

Patrice Élément, le directeur de l’office des pêcheurs de crevette de la ville de Gaspé, explique comment la pêche a perdu de son intérêt. « Ça nous coûte encore plus cher en diesel, par livre, par kilogramme de crevettes pêchées, que ça nous coûtait l’an passé. Au niveau des marchés, contrairement à ce qui s’est passés par exemple pour le crabe des neiges ou pour le homard depuis le début de la pandémie. Les marchés pour la crevette nordique se sont effondrés et ne se sont pas rétablis. »

Le stock de crevettes nordiques atteignait, l’an dernier, sa valeur la plus faible depuis 1990. Ajoutez à tout ça que l’eau se réchauffe, même à 300 mètres de profondeur. Selon les dernières statistiques de 2022, la température de l’eau à cette profondeur atteint sa valeur la plus élevée depuis le début des relevés, en 1915. 

Hugo Bourdages, biologiste en évaluation des stocks de crevettes à l’institut Maurice Lamontagne pour le MPO a longuement étudié le phénomène. « La crevette nordique, c’est une espèce d’eau froide, qui aime l’eau froide. Normalement, la crevette se tient dans des eaux entre 1 et 6 °C. Mais maintenant elle fait face à des températures de plus de 6 °C voire même plus de 7 °C. Donc, elle est dans des conditions non-favorables présentement. »

Pendant ce temps, le sébaste, un prédateur de la crevette, a prospéré de manière exponentielle depuis 2011. Disons que l’avenir de la crevette nordique n’est pas rose.