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Crevette : un pêcheur renonce

Publié le 12 avril 2024 à 15:01, modifié le 12 avril 2024 à 15:01

Par: Félix Côté

La saison de pêche est terminée pour Sylvain Bujold. Le pêcheur de crevettes de Carleton-sur-Mer est de retour à quai après seulement 7 jours en mer sur la Côte-Nord. Devant la crise qui secoue l’industrie, le capitaine de 43 ans de carrière lance la serviette.

« Là, j’abandonne, j’abandonne parce que c’est rendu que c’est n’importe quoi la gestion de pêche », lance le Capitaine du Viking 2, Sylvain Buljold.

La pêche à la crevette fut très brève pour Sylvain Bujold et son équipage cette saison. Après une semaine au large de la Côte-Nord, sa conclusion est simple, il n’y a plus de crevettes. Les stocks sont décimés.

« Nous autres, il y a 10 ans, on avait 1 300 000 livres à deux bateaux et cette année il y avait seulement 88 000 livres (…) cette année, on voulait aller voir. Mais, comme on a vu, il n’y avait pas grand-chose à voir », déplore le pêcheur.

Selon le capitaine, le ministère des Pêches et Océans est le seul à blâmer dans toute cette cohue. Le déclin de la crevette est observé depuis de nombreuses années par les pêcheurs qui ont levé le drapeau rouge à plusieurs reprises sans recevoir l’écoute des scientifiques. Une mauvaise gestion sur toute la ligne, clame Sylvain Bujold.

« Il n’y a plus rien qui marche dans la gestion. Il n’y a plus de poissons dans la mer que ce soit la crevette, la plie, le hareng, le maquereau, le crapaud de mer, il n’y en a plus. Donc, il y a un problème quelque part et ils n’ont pas l’air capables de le trouver », raconte M. Bujold.

Le capitaine ne se cache pas pour critiquer la ministre et députée de la région, Diane Lebouthillier.

« D’après moi ça leur prenait une marionnette et d’après moi elle fait bien la job, c’est une bonne marionnette. Elle ne décide pas grand-chose, tout ça, c’est politique. La gestion c’est politique, c’est de faire plaisir au monde, j’imagine, pour avoir des votes ou je ne sais pas ce qu’est exactement… », dénonce-t-il.

Le capitaine n’a plus beaucoup d’espoir pour la nouvelle génération de pêcheurs et ses nombreux confrères qui ont investi des sommes astronomiques, et tout leur avenir, dans une économie qui s’effrite. Selon M. Bujold, les pêcheurs devraient avoir plus de contrôle sur leurs investissements.

« Celui qui a des dettes devrait avoir un contrôle sur la ressource, sur la gestion de la ressource. Comme un actionnaire, comme un cultivateur qui va faire son champ et décide ce qu’il peut en semer. Il a des dettes, mais au moins il a le contrôle sur sa terre. Nous, on n’a pas de contrôle sur l’eau », ajoute-t-il.

Sylvain Bujold a vu l’orage arrivé et prévu la tempête, pour lui il est temps de rentré à quai. Il se souvient des beaux jours où la seule préoccupation était de partir en mer en toute sécurité.