C’est le cas notamment de Francine Bérubé et son mari qui habitent dans leur résidence depuis 40 ans. Ils y ont fondé leur famille et comptaient y rester pour leurs vieux jours.

« Je n’aurais jamais pensé d’avoir ça dans ma vie. J’ai vécu un cancer, mais ça, non », témoigne difficilement la dame, visiblement ébranlée.

Ce qui choque le couple, en plus de devoir partir, c’est le montant offert par le ministère des Transports (MTQ) pour leur maison et la lenteur des pourparlers. Leur dossier traîne depuis une décennie.

« On dirait (que le MTQ) fait exprès pour étirer les dossiers, pour avoir une marge de manœuvre de négociation, nous pousser jusqu’au bout… pour nous pousser à signer le papier », accuse le mari de la dame, Conrad Pelletier.

« Il n’y en a pas de maisons. Et ceux qu’il y a, elles sont toute à refaire », ajoute madame Bérubé.

Les deux parties sont loin de s’entendre. Un évaluateur a estimé la valeur de la résidence du couple à plus de 330 000$, avant la surchauffe du marché immobilier causée par la pandémie. Le ministère, lui, seulement 200 000$.

« Je me sens délestée, volée, carrément volée, pour ce qu’ils peuvent m’offrir », partage Madame Bérubé.

Ses voisins vivent également le même cauchemar.

« Qu’est-ce qui fait que ça traine comme ça? Pourquoi c’est si long, je veux dire, il me semble que moi, si (le ministère) me faisait quelque chose de raisonnable, ça serait correct », s’interroge Louise Racine, également expropriée.

« Après ils viennent dire que nous les expropriés, on n’est pas de bonne foi. Non, on est de bonne foi, mais (le MTQ) nous arrive avec des affaires ridicules », s’insurge Maurice Tanguay, qui devra lui aussi quitter les lieux d’ici un an.

Le ministère des Transports s’explique

Le chantier majeur de l’autoroute 85 a forcé le ministère des Transports à exproprier au total 235 foyers. Joint par notre équipe de nouvelles, il a tenu à s’expliquer.

« Le ministère est tout à fait conscient des impacts qu’un projet d’envergure comme ça peut avoir pour certains citoyens. Ce qu’il faut comprendre, c’est que c’est un projet important pour la région, et on parle vraiment d’intérêt public », élabore Roxanne Pellerin, porte-parole au MTQ.

Le ministère avertit les résidents que des procédures judiciaires seront entamées si aucune entente n’est réglée.