Caribous montagnards : le ministère accusé de ne pas mettre les données à jour
Publié le 30 novembre 2022 à 16:13, modifié le 30 novembre 2022 à 16:13
Par: Félix Côté
Les données annuelles sur le recensement du caribou sont en retard. Depuis octobre 2020, on ne sait pas combien d’individus compte le troupeau restant en Gaspésie. L’organisme Environnement vert Plus demande à l’État du Québec d’être à jour pour que la population soit bien informée.
Il resterait entre 32 et 36 caribous montagnards en Gaspésie, selon le dernier rapport du ministère de l’Environnement daté de l’automne 2020. L’espèce est en voie d’extinction, mais depuis, aucune nouvelle information n’a filtré en provenance de l’État.
« C’est décembre demain matin et on n’a pas encore le rapport de 2021, 13 mois et demi plus tard, ce n’est pas acceptable. On a besoin de transparence, la population a le droit d’être au courant de ce qui se passe avec le caribou et les données d’inventaire annuel, c’est le gros minimum d’informations que la population est en droit d’obtenir sur le caribou », dénonce le porte-parole de l’organisme Environnement Vert Plus, Pascal Bergeron.
Entre 2011 et 2018, tout était bien recensé. Les données sur l’évolution du cheptel gaspésien étaient dévoilées annuellement chaque automne. Un rapport suivait en moyenne 3 mois et demi plus tard.
Le porte-parole d’Environnement vert plus demande que les dernières données soient dévoilées rapidement. De plus, il estime que le ministère doit prendre des engagements pour être plus transparent sur les informations concernant le caribou.
« Si on n’a pas l’information, on ne peut pas prendre de décision éclairée. En regardant la publication des rapports, c’est ce qu’on empêche. On empêche la prise de décision éclairée. Puis, on oublie quelque part la mobilisation de la population pour la survie de cette espèce et ce n’est pas acceptable », mentionne Pascal Bergeron.
Depuis quelques années, la rigueur pour le respect des échéanciers est en dégringolade. L’organisme environnemental accuse l’État d’encourager la population à se désintéresser de l’espèce en ne tenant pas ses informations à jour.
« La méthodologie ne change pas d’une année à l’autre, on prend toujours les mêmes moyens. Les facteurs de correction se ressemblent d’une année à l’autre donc il n’y a pas de raison qu’on prenne des temps fous pour sortir un rapport comme celui-là », juge le porte-parole d’Environnement Vert Plus.
Pour les experts, le recensement de l’espèce est nécessaire pour évaluer l’ampleur de la situation. Dans tous les cas, ils martèlent que des mesures doivent s’enclencher pour protéger l’espèce menacée par l’industrie forestière.
« Cette population-là ne va pas bien, elle a le plus haut statut de précarité au Canada sur la loi des espèces en péril. Donc, en amont de la COP15 il faut agir », réagit le biologiste de l’UQAR, Martin-Hugues St-Laurent
La Conférence de l’ONU sur la biodiversité aussi appelée COP15 sera le moment ou jamais d’agir pour la survie du caribou montagnard, et de donner l’exemple à l’international.