Été 2020. Les voyages à l’international sont interdits, les frontières interprovinciales fermées. Après 3 mois de confinement à la maison, des centaines de milliers de touristes québécois se ruent vers les plages de la Gaspésie. Inquiété par ce tourisme outrancier, le réalisateur gaspésien, Jean Guénette, a filmé un documentaire, Tourisme contre nature, qui est diffusé ces jours-ci.

«Ç’a été assez dur pour les gens dans ce coin-là, cet été-là. Et ça été pour nous, pour moi l’idée d’écrire un projet documentaire sur c’est quoi le tourisme ou c’est quoi le surtourisme. (…) Est-ce que le surtourisme, on est à l’abri de ça ici en Gaspésie?», questionne Jean Guénette, producteur et réalisateur de documentaires.

Quand on écoute le maire de Gaspé relater les événements de l’été 2020, on comprend tout de suite ce qu’est le phénomène du surtourisme.

«Des amoncellements de roulottes, de campeurs, de tentes… Des feux de joie à perte de vue qui provoquaient une fumée extraordinaire. Des gens qui voulaient aller pêcher ou qui voulaient aller se baigner, mais qui voyaient leur plage, habituellement si paisible, être envahie par des gens qui avaient décidé d’établir résidence là, pour l’été, de façon improvisée. Ça se traduit par des conflits d’usage du territoire », explique Daniel Côté, maire de Gaspé.

Au fil des entrevues, un enjeu important s’est posé.

«Il s’est passé aussi une réflexion en profondeur sur où est la place du citoyen dans le développement touristique », soulève M. Guénette.

Notre vision du tourisme doit-elle être modifiée?

« On crée une espèce de tourisme de passage qui laisse en passant des retombées, des emplois saisonniers, mais qui n’est pas nécessairement bien arrimée avec les aspirations des communautés locales à habiter leur territoire », déplore Dominic Lapointe, professeur titulaire au département d’Études urbaines et touristiques à l’UQAM.

Comment concilier tourisme, protection des milieux naturels et respect des habitants du territoire? Des citoyens gaspésiens sont inquiets.

« Aujourd’hui, ce sont des plans d’eau, des montagnes qui sont confrontés avec des intérêts commerciaux. Puis les intérêts commerciaux, ils sont forts. (…) En Amérique du Nord, en public, on parle comme Obama, puis en privé, on agit comme Trump », constate Louis Bujold, citoyen de Carleton-sur-Mer.

Tourisme contre nature, un documentaire à voir pour poursuivre la réflexion.