Prévisions météo
État des routes
Marées
Faire défiler
Faire défiler
Faire défiler

Nouvelles

Hémodialyse:elle s’exile des Îles-de-la-Madeleine pour survivre

Publié le 27 février 2023 à 15:56, modifié le 27 février 2023 à 21:20

Par: Patrick Giguère

Une résidente des Îles-de-la-Madeleine est obligée de s’exiler à Québec avec sa famille depuis la fin janvier afin de recevoir des traitements essentiels à sa survie. Pourtant, une unité d’hémodialyse a été inaugurée en 2019 sur l’archipel.

Guylaine Nadeau est atteinte d’une maladie polykystique des reins et du foie depuis son adolescence. Le mois dernier, elle a appris que ses reins ne fonctionnaient qu’à 2% et qu’elle aurait besoin de traitements d’hémodialyse. Initialement, son séjour à Québec devait durer un mois, mais faute de places disponible à l’hôpital des Îles, son exil doit se prolonger bien malgré elle.

«C’est inhumain ce qu’on vit présentement. C’est très dur, on veut retourner chez nous, mais on ne peut pas », affirme la dame de 56 ans.

À moins d’une greffe, la madelinienne devra subir des traitements d’hémodialyse quatre fois par semaine pour le restant de sa vie. L’exil obligé de la quinquagénaire a aussi un prix. Elle et sa famille dépensent près de 4000 $ par mois, en frais de logement, de repas  et de transport.

«J’ai été obligé de faire une levée de fonds et de plier sur mon orgueil. Moi et mon conjoint, on a toujours été indépendants. J’ai l’impression de quêter et quêter pour des services qui sont normalement gratuits pour les malades» déplore Guylaine.

Mme Nadeau est avec sa fille de 28 ans, qui a des besoins particuliers, et son mari, technicien chez un important fournisseur d’équipements électroniques pour les flottilles de pêche. L’absence de ce dernier sur l’archipel se fera bientôt sentir à l’aube de la nouvelle saison.

Il s’agit d’une maladie héréditaire qui a emporté sa sœur, il y a 5 ans. À l’époque où elle accompagnait sa sœur, qui a aussi dû aller à Québec pour son traitement, Mme Nadeau a activement milité pour que le ministère de la Santé investisse dans une offre de service d’hémodialyse dans l’archipel.

« J’ai fait une pétition et j’ai récolté 5000 signatures pour avoir la dialyse. Finalement, on l’a eu on l’a eu l’année d’après, mais ma sœur est décédée. Ma sœur n’a pas pu en profiter. Alors moi je veux m’en retourner aux Îles et je ne peux pas l’utiliser.»

Le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) des Îles aimerait bien accueillir Mme Nadeau, mais en plus du manque de personnel, les 4 chaises d’hémodialyse sont déjà occupées par d’autres usagers. Des quatre postes d’infirmières ayant la formation adéquate, un est vacant depuis l’automne tandis qu’un autre est comblé par une ressource référée par une agence indépendante jusqu’en juin.

« Si on a un enjeu au niveau de nos ressources humaines, par exemple, un arrêt de maladie, un  imprévu, une infirmière qui se blesse, on doit être en mesure de donner les traitements d’hémodialyse, sinon on doit transférer la totalité de notre clientèle vers Québec » explique Judith Arseneault, directrice par intérim des soins infirmiers et de santé physique.

Une amie de Guylaine s’est montrée intéressée à faire don d’un de ses reins. Les examens médicaux sont en marche pour évaluer leur compatibilité.

« Pour moi ça serait un gros miracle, mais je ne m’attends pas à ça. Parce que je peux être déçu aussi. J’aime mieux prendre ça au jour le jour », termine Guylaine.