Un projet d’un milliard de dollars. Entre 60 et 80 éoliennes sur les terres du Séminaire de Québec et de la MRC de Charlevoix et des retombées potentielles de 35 M$. À première vue, l’initiative pourrait en faire saliver plusieurs, mais à quel prix ?

Dans les derniers mois, des experts des ministères liés à l’environnement ont émis des avis et des questions aux promoteurs. Au total, 18 éoliennes, qui nécessiteraient des chemins, seraient installées dans l’aire de répartition du caribou forestier de Charlevoix. Des experts s’inquiètent. Le ministère provincial demande que le projet soit corrigé.

« Si on génère des chemins forestiers, des éoliennes et des bâtiments et bien c’est une perturbation. Elles ne vont pas vieillir et devenir de l’habitat pour le caribou ultimement comme le feu ou la coupe forestière va le devenir », explique le professeur en écologie animale de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), Martin Hugues-Saint-Laurent, qui a été appelé à commenter l’argumentaire des promoteurs.

Du côté du promoteur Boralex et de ses partenaires, on croit que le projet n’aurait pas d’incidence sur le plan de rétablissement du fédéral pour la harde de caribous. Une position rejetée par les scientifiques des gouvernements et le professeur Saint-Laurent.

« On sait comment réparer l’habitat du caribou s’ il y a des perturbations qui peuvent être retirées, mais on ne mettra pas une éolienne pour la retirer dans 5 ans. Ainsi, si on met une éolienne c’est parce qu’on accepte de stationner la perturbation à long terme et donc on perd de la marge de manœuvre pour réussir à restaurer l’habitat du caribou », poursuit-t-il.

Le caribou n’est pas la seule espèce menacée. D’autres comme la grive de Bicknell ont été nommées dans les analyses de l’étude effectuée par les ministères. Qu’en pense le préfet de la MRC de Charlevoix ?

« Ce qu’on reçoit actuellement, c’est qu’il semblerait qu’il n’y a pas de problème, mais on a seulement entendu une version. C’est sûr qu’on est très sensible à l’acceptabilité sociale et aussi à la protection des milieux naturels et autant la faune que la flore », commente Pierre Tremblay.

Des négociations demeurent toujours en cours pour le partage des revenus liés au projet d’envergure, qui doit franchir encore plusieurs étapes. D’ailleurs, on compte maintenant 31 caribous de Charlevoix dans l’enclos temporaire, dont 5 juvéniles et 11 faons. La stratégie de sauvetage se fait toujours attendre.