« C’est comme une encyclopédie, comme si vous regardiez des photos. Mais, en tout cas, il y a toutes sortes de belles choses là-dedans. Ce sont de petites histoires. Je trouve ça tellement plus simple à lire » explique, d’entrée de jeu, celle qui s’est fait connaître dans les cabarets montréalais au début des années 60. Toutefois, l’écriture de son histoire, personnelle et professionnelle, aura été un exercice aussi douloureux que libérateur pour la chanteuse qui a choisi d’offrir une voix à la femme plutôt que l’artiste.

« Il y avait des moments où j’écrivais puis j’étais obligée de sortir; j’étouffais. Ce qui m’a fait le plus de bien là-dedans c’est que j’ai vécu certaines délivrances puis, en plus, il y a des deuils. On fait ses deuils, parce qu’il y a des deuils que je n’avais pas été capable de faire. Quand je les ai écrits, quand je les ai imprimés, j’ai fait : « Ha…Peut-on qu’on pourrait lâcher prise là-dessus là. » » ajoute, avec émotion, l’artiste que plusieurs surnomment la voix du bon Dieu.

Sur les 200 personnes du KRTB et du Nouveau-Brunswick réunies à l’extérieur pour rencontrer leur idole; 150 de ses fans ont pu discuter avec la grande dame de la chanson : un moment jugé essentiel pour plusieurs d’entre eux. « Bien écoute, elle a marqué les générations. Ma grand-mère était une grande fan, ma mère est une fan puis, écoute, on ne peut pas passer à côté. Qu’est-ce que vous aimez de Ginette particulièrement? Sa voix, ses chansons, sa personnalité, sa simplicité, son sens de l’humour. Parce que moi je la connais ça fait 60 ans puis il y a beaucoup de chansons qui nous prennent au cœur un peu » confient, à l’unanimité les personnes rencontrées avant l’ouverture des portes de la succursale.

Bien qu’elle compte déjà une impressionnante discographie qui a traversé les époques, elle est de retour sur disque au grand bonheur de ses admirateurs. Comprenant 14 compositions « C’est tout moi » est son effort musical le plus personnel à ce jour. « J’ai écrit Poursuis ton chemin, j’ai écrit Mal à tout, une autre chanson avec Christian Marc Gendron. Les autres, je les ai choisies. Il y en a une qui s’appelle La voix des hommes, la voix de Dieu ». Une sélection à l’image de la femme qu’elle est aujourd’hui.

Si plus jeune elle rêvait d’aller toujours un peu plus haut dans l’échelle du succès, elle espère, à l’aube de ses 77 ans, que certains de ses projets quittent leur tiroir pour aller un peu plus loin. « J’ai une fondation pour les femmes battues et les enfants violentés, donc j’aimerais ça ouvrir la Fondation Ginette Reno, mais dans mon métier, faire un beau film musical » ajoute, en terminant, celle qui fut maintes fois nommée et récompensée par l’ADISQ depuis ses débuts.