Violence conjugale : un sous-financement dénoncé
Publié le 25 mars 2021 à 17:01, modifié le 27 mars 2021 à 16:28
Par: Patrick Giguère
Des organismes venant en aide aux personnes victimes de violence conjugale dénoncent le sous-financement qu’ils reçoivent de Québec. Dans le budget Girard, le gouvernement Legault débloque 4,5 M$ pour les refuges pour femmes. Cette somme vient s’ajouter au 120 M$ déjà annoncée l’an dernier, mais certains estiment que ce n’est pas suffisant compte tenu de l’ampleur de la crise.
Des maisons d’hébergement pleines à craquer. Des femmes refusées à la porte faute de place. Le personnel sous payé et à bout de souffle. C’est la triste réalité des organismes qui viennent en aide aux victimes de violence conjugale.
« On assiste à 7 féminicides en sept semaines, ce qui est un taux record jamais connu. On sait que le contexte pandémique actuellement exacerbe les violences conjugales et expose davantage les femmes au risque d’homicide. Il faut agir rapidement » , demande la directrice de la maison d’aide et d’hébergement l’Émergence, Nancy Gouth.
« On sent bien que ça ne fait que s’amplifier. Ça bouille dans les foyers. Ça va exploser. C’est déjà commencé d’ailleurs » , raconte la directrice de la Maison Blanche Morin, Hélène Vandette.
Le financement récurrent de Québec offre à la maison Blanche Morin de Pabos et l’Émergence à Maria n’est pas suffisant. Le triple serait nécessaire pour répondre convenablement aux besoins qui explosent.
« Je pourrais embaucher quatre intervenantes minimum ce qui permettrait d’offrir de meilleurs services aux femmes et aux enfants que nous hébergeons et aussi d’augmenter la masse salariale » , soutient madame Vandette.
« Ça nous permettrait d’offrir des services davantage adaptés pour les femmes anglophones » , avoue madame Gouth.
Selon le ministère de la Sécurité publique, en l’espace de 5 ans, les signalements en matière de violence conjugale ont augmenté de 12 % au Québec.
Une hausse de trois à quatre pour cent est observée au CAVAC Gaspésie Les Îles.
« Nous, on prévoit au cours des prochaines semaines ou des prochains mois avoir une autre augmentation, car, avec le déconfinement, les gens vont pouvoir être un peu plus libre pour aller chercher de l’aide » , croit le directeur général, Harry Babin.
Une meilleure collaboration entre les forces de l’ordre et les acteurs qui gravitent dans le milieu social est souhaitée par cet intervenant.
« On aimerait avoir un continuum de service solide qui pourrait nous permettre de solidifier tout le filet de sécurité pour tout le monde. Autant pour les victimes que les enfants, la famille et tous ces gars-là qu’on souhaite avoir dans nos services » , admet l’intervenant psycho-social de Convergence, Hugues Bujold.
Alors que sept féminicides ont été commis en sept semaines dans la province, les intervenants espèrent que des sommes d’argent seront débloquées rapidement avant que le bilan s’alourdisse.