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Violence conjugale : des outils pour dépister et aider des collègues

Publié le 22 mai 2024 à 14:45, modifié le 23 mai 2024 à 10:31

Par: Louis-Philippe Morin

Un organisme de la Baie-des-Chaleurs, qui milite contre la violence conjugale, annonce le déploiement d’un nouveau programme dédié aux milieux de travail. L’Émergence offrira des formations dans les entreprises et organismes de la région. Le programme PASSE, le nouvel effort pour contrer la violence faite aux femmes, est aussi l’acronyme pour Prévenir, Agir, Sécuriser, Soutenir, Évaluer en milieu de travail. Le programme voit le jour, dans la Baie-des-Chaleurs, entre autres, en raison d’un féminicide qui a eu lieu en mai 2022 et qui a affecté très profondément une entreprise bien connue sur le territoire.

Mai 2022… Une femme meurt aux mains d’un homme qu’elle voulait quitter. Le décès de Monique Landry a ébranlé la communauté, mais aussi les collègues et les employeurs du Manoir Belle-Plage.

« J’ai eu peur de fermer, sincèrement. Avant la saison, j’ai des employés qui ne pouvaient plus rentrer au travail. J’avais énormément de gens qui avaient différents traumatismes… Vraiment, de façon obligatoire on a demandé à l’ensemble de nos employés d’avoir un suivi psychologique, et c’est ce qui nous a fait passer au travers. », lance David Comeau, directeur au Manoir Belle-Plage de Carleton-sur-Mer.

Outré par la situation, confus et choqué, l’homme d’affaires a contacté un organisme de la région: l’Émergence. Il voulait discuter de la situation et tenter de comprendre l’inexplicable.

« Le milieu de travail, on peut le reconnaître comme étant un filet de sécurité pour ces femmes-là. C’est souvent un milieu où la femme se sent sécurité. C’est un endroit… Qui est propice à recevoir des confidences si les conditions gagnantes sont mises en place. », nous dit Nancy Gough, directrice générale à l’Émergence.

L’Émergence a accéléré la mise en place d’une formation qui permettrait de mieux outiller l’entourage au travail pour agir, en sécurité, face à des situations de violence conjugale…

« D’abord, on a vraiment un volet théorique où on va parler de la dynamique de la violence conjugale. On va parler, des débuts et des formes. Ensuite, il y a aussi une partie accompagnement. Qu’est-ce qu’on peut mettre en place pour assurer la sécurité de ces femmes-là. », poursuit Sophie Duguay, cheffe de la clinique externe à l’Émergence.

Ces formations sont accompagnées d’une vidéo qui met en vedette monsieur Comeau. Il raconte son histoire et celles de ses employés… L’homme espère que ces outils pourront faire une différence.

« Je suis persuadé que si j’avais eu cette formation-là… Peut-être que ça n’aurait rien changé… Mais, il y a des choses que j’aurais vues. Il y a des choses que ses collègues auraient vues. Il y a des choses qu’elle, si elle avait fait cette formation-là, elle aurait peut-être allumée sur certaines choses. », soupire monsieur Comeau.

Déjà, des entreprises de la région ont levé la main pour participer à cette nouvelle formation gratuite, de deux heures… qui, nous dit-on est en constante mutation, afin de mieux l’adapter aux réalités terrains.

« Accompagner et outiller l’entourage pour porter main-forte… Pour accompagner, en toute sécurité, ces femmes-là. C’est une plus-value de ces initiatives collectives qui s’impose dans le contexte. », insiste madame Gough.

« La lumière jaillit du chaos. Moi, ma lumière, ç’a été le programme PASSE. Depuis deux ans, de savoir que… Notre amie, notre collègue… Va pouvoir continuer à vivre via ce programme-là… pour pouvoir continuer à aider, pour pouvoir continuer à changer des vies comme elle le faisait si bien. », image David Comeau.