Vaccination obligatoire en santé, masque au cégep, les annonces de Québec soulèvent des questions
Publié le 18 août 2021 à 16:50, modifié le 18 août 2021 à 16:50
Par: CIMTCHAU
Le gouvernement de François Legault serre la vis en vue de la quatrième vague de la COVID-19. Québec imposera la vaccination aux travailleurs de la santé qui sont en contact avec des patients. Si les modalités d’application restent à définir, deux des principaux syndicats qui représentent le personnel de la santé ne comprennent pas la décision.
Critique virulente du gouvernement Legault, la présidente pour le Bas-Saint-Laurent du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), Johanne Campagna, n’a pas mâché ses mots lorsqu’appelée à commenter la décision. Le SCFP représente, entre autres, les préposés aux bénéficiaires.
« Ça va contre la charte, contre les valeurs, la liberté de la personne. On fait quoi avec tout ça? C’est quoi, est-ce qu’on est rendus dans un pays de dictature? », a-t-elle lancé, visiblement irritée.
« On est autour de 92, 95% de taux de vaccination, donc la mesure de l’obligation est un peu intense, est un peu probablement démesurée selon nous », ajoute Jérôme Rousseau, vice-président de la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ). La FIQ représente notamment les infirmières.
Si on sait que la vaccination sera obligatoire pour ceux qui côtoient les patients plus de 15 minutes, de nombreuses questions demeurent en suspens. Le sujet sera débattu la semaine prochaine avec les partis d’opposition et des experts, en commission parlementaire.
« On parle de 5 à 8% des membres des professionnelles en soin qui sont non vaccinés. Où sont-ils? Sont-ils sur les milieux de travail? Sont-ils dans les bureaux administratifs? Sont-ils en contact avec la clientèle? Est-ce qu’ils ont des raisons médicales ? » – Jérôme Rousseau, vice-président de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec
Johanne Campagna veut elle aussi obtenir des réponses. « Quelqu’un qui ne veut vraiment pas (se faire vacciner), qu’est-ce qu’il va arriver avec lui? On le met dehors? On fait quoi? », se demande-t-elle.
Lors de la commission parlementaire, la FIQ compte aussi demander au gouvernement si d’autres mesures comme le dépistage et le respect des consignes sanitaires ne pourraient pas remplacer la vaccination obligatoire.
Tant pour la FIQ que pour le SCFP, la plus grande crainte est de perdre des employés du réseau qui refuseraient catégoriquement d’être vaccinés, alors que la situation est déjà difficile.
« C’est ridicule. C’est carrément ridicule. S’il veut vraiment mettre le réseau à terre, il est bien parti » – Johanne Campagna, présidente du SCFP pour le Bas-Saint-Laurent
Rencontrés au hasard aux abords de l’hôpital de Rivière-du-Loup, plusieurs citoyens qui avaient rendez-vous se sont dit en faveur de la décision du gouvernement Legault. « C’est toujours mieux pour tout le monde de savoir que le monde est vacciné à l’entour », a notamment lancé une dame.
Le CISSS du Bas-Saint-Laurent n’était pas en mesure, mercredi, de dévoiler des chiffres précis sur la vaccination dans ses établissements, et par branche de métiers. Néanmoins, pour l’ensemble des travailleurs de l’organisation, 92% des employés ont reçu une première dose de vaccin et 87,6% sont pleinement vaccinés.
Masque obligatoire au cégep et à l’université
Le premier ministre Legault a profité de son point de presse hier pour faire une autre annonce. La rentrée au cégep se fera finalement avec un masque. « Au moins on est en présentiel. Au moins ça », a lancé une étudiante, un peu déçue.
Le gouvernement n’a pas encore déterminé à quel moment cette mesure allait prendre fin. D’ici là, les élèves devront porter le masque dans les classes et dans les aires communes.
« Moi je n’ai aucun problème avec ça. Honnêtement, je travaille avec ça à la job donc je ne suis pas stressé avec ça », a lancé un autre étudiant rencontré aux abords du cégep de Rivière-du-Loup.
« C’est sûr qu’on trouve ça ordinaire, parce qu’on est assis en classe et on écoute le professeur. Un moment donné, il fait chaud avec le masque dans la face », a admis un autre.
Le port du masque en classe pourrait aussi être obligatoire à l’école primaire et secondaire, selon l’évolution de la situation dans certaines régions. Le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, en a fait l’annonce plus tôt mercredi.