Une perte de 45 travailleurs temporaires chez Lepage Millwork à Rivière-du-Loup
Publié le 17 octobre 2024 à 17:09, modifié le 17 octobre 2024 à 17:46
Par: Ariane Boyer
Les nouvelles règles fédérales concernant l’immigration temporaire continuent de faire des vagues au sein des entreprises québécoises, notamment à Rivière-du-Loup. Lepage Millwork, une entreprise spécialisée dans la fabrication de portes et fenêtres, fait face à la perte de la moitié de ses travailleurs étrangers temporaires, une situation qui pourrait sérieusement affecter l’entreprise.
Benoît Juliette, originaire de l’île Maurice, est l’un de ces travailleurs concernés. Arrivé au Canada il y a plus de deux ans, il s’est rapidement intégré à l’équipe de Lepage Millwork. « Mon histoire est assez simple… j’avais des rêves, j’ai envie de travailler ici au Canada. Les gens sont très sympas, très accueillants », raconte Benoît. Cependant, la récente décision d’Ottawa, imposant une limite de 10 % de travailleurs étrangers dans les entreprises, menace son avenir et celui de ses collègues.
Depuis le 26 septembre, ces nouvelles règles forcent Lepage Millwork à se séparer de 45 de ses 90 travailleurs étrangers temporaires. Benoît pourrait faire partie de ceux qui devront quitter le Canada. « Moi-même, ça fait deux ans et demi que je ne vois pas ma famille, c’est un peu compliqué, mais quand tu entends des trucs comme ça, tous les rêves s’écroulent… », confie-t-il.
Pour François Xavier Bonneville, directeur général et actionnaire de Lepage Millwork, ces nouvelles mesures ne tiennent pas compte des réalités des régions comme la sienne, où la pénurie de main-d’œuvre se fait de plus en plus sentir. « C’est comme si on met tout ce beau monde dans un panier, et qu’on dit le problème, c’est les travailleurs étrangers temporaires. Dans ma tête, c’est ceux qui travaillent, c’est ceux qui contribuent, c’est ceux qui paient des impôts. Je trouve cela bien triste qu’on les mette toutes ensemble, parce qu’on en a besoin », déplore-t-il.
L’entreprise, qui a embauché plus de 70 travailleurs québécois en 2024, n’a réussi à en conserver que moins de 10. Selon François Xavier Bonneville, l’embauche de travailleurs étrangers n’est pas un luxe, mais une nécessité pour assurer la survie de Lepage Millwork. « Nous, on ne se bat pas contre les manufacturiers locaux, mais contre les manufacturiers américains. À un moment donné, il y a une limite à tirer l’élastique avant que ça ne fasse plus de sens économiquement pour nos clients », ajoute-t-il.
Du côté des employés, Benoît Juliette tente de rester positif, bien que l’incertitude règne. « Je ne sais pas ce qu’il va se passer, mais on croise les doigts », dit-il, avec un léger sourire.