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Une jeune femme décède, après avoir été victime de violence conjugale pendant des années

Publié le 31 août 2022 à 17:28, modifié le 1 septembre 2022 à 11:18

Par: Catherine Pellerin

Autre triste histoire de violence conjugale. Une jeune femme de Rivière-du-Loup, qui a vécu un véritable enfer pendant 17 ans, est décédée il y a deux semaines. Pour plusieurs, il s’agit indirectement d’un féminicide.

Marie-Ève Gagné Lévesque a été retrouvée sans vie dans son appartement cinq jours après que son ex-conjoint a reçu sa sentence au palais de justice de New Carlisle, en Gaspésie.

David Guy a reconnu notamment l’avoir blessée, mutilée, défigurée. Il a plaidé coupable à 6 chefs d’accusation et a écopé de 4 ans d’emprisonnement.

« Pour tout ce qu’elle a vécu, des choses assez atroces, ce n’est vraiment rien. Il a brisé sa vie, a brisé quand même la vie des enfants », estime la sœur de la victime, Annie Gagné Lévesque.

Une peine décevante pour la victime et ses proches.

« C’est sûr que ça n’encourage pas à dénoncer, parce que tu vois tout ce qu’il a fait et le peu de peine qu’il reçoit. Les femmes sont terrorisées. Elles pensent juste à leur enfant, elles veulent les protéger et préfèrent endurer », affirme Annie.

Au fil des ans, la maman de trois enfants a été isolée de ses proches. Son ex-conjoint l’aurait même poussée à cesser de travailler.

La cause de son décès n’est pas confirmée, mais pour plusieurs, il est lié sans aucun doute à la violence et aux séquelles qu’elle a subies. La fatigue et le stress ont aussi été importants dans les dernières semaines, alors qu’elle a dû se retrouver face à face avec son ex-conjoint au tribunal, pour livrer un poignant témoignage sur toutes les atrocités qu’elle a enduré.

Vivre dans la peur

Compte tenu de sa détention provisoire, son bourreau sortira de prison dans moins de deux ans. La jeune femme de 37 ans vivait dans la crainte qu’il finisse ce qu’il a commencé.

« « Il me reste tant de jours à vivre », elle disait ça. Ce n’est pas évident parce qu’elle a tout le temps ça dans la tête, quand il va sortir, qu’est-ce qui va m’arriver? Il y avait déjà eu son adresse à Rivière-du-Loup », raconte sa sœur.

Ses proches sont maintenant inquiets pour leur sécurité, et celle des enfants.

« Si la ministre de la Sécurité publique Geneviève Guilbault, m’écoute aujourd’hui : le bracelet, il est où le bracelet? Ça lui prend ça, à lui », lance Annie Gagné Lévesque.

Les premiers bracelets antirapprochement ont été déployés dans certaines régions du Québec depuisce printemps. En septembre 2023, ils devraient être disponibles au Bas-Saint-Laurent. La famille de Marie-Ève demande qu’ils soient rapidement utilisés partout dans la province.

Une femme courageuse et résiliente

 Après avoir réussi à s’en sortir il y a un an, Marie-Ève a décidé de s’impliquer auprès d’un Centre-Femmes, pour justement aider d’autres victimes de violence conjugale.

« Marie-Ève fait partie de ses femmes belles et fortes qui marquent les mémoires. Elle nous a marqués, elle nous a impressionnées par son courage, sa résilience », témoigne Charlotte Studer, co-coordonnatrice du Centre-Femmes Grand-Portage.

L’organisme tiendra bientôt une activité pour lui rendre hommage.

Une vigile en sa mémoire s’est aussi déroulée en Gaspésie, à la suite de son décès.

Tous espèrent que le cauchemar qu’elle a vécu fasse réfléchir.

« La société au complet leur fait faux bond. On ne met pas assez en place de filet de sécurité, les peines pénales sont mineures », constate Charlotte Studer.

« Les interventions qui ont été faites, mais on dirait que ce n’était pas suffisant. Il fallait qu’elle le dise, qu’elle était victime de violence. Tant que la femme ne le dit pas, les policiers ne peuvent pas l’amener de force », ajoute Annie.

« Je pense qu’il y a un manque d’aide, un manque de ressources, il y a un manque de plans d’action pour ces femmes-là », poursuit-elle.

Même si elle réclame des changements dans le système judiciaire et dans l’aide apportée aux survivantes, sa sœur lance un message clair à toutes les victimes.

« Sortez de là, je pense que vos familles sont là pour vous aider, mais faites-le »

Si vous avez besoin d’aide :

 – SOS Violence conjugale : 1 800 363-9010 — 24/7

– L’Autre-Toit du KRTB : 418-854-7160

– La Maison La Montée, dans Charlevoix : 418-665-4694