Tribunal spécialisé : un accompagnement humain pour les victimes
Publié le 27 juin 2024 à 11:20, modifié le 27 juin 2024 à 13:35
Par: Félix Côté
Les différents projets-pilotes, qui ont comme objectif d’instaurer des tribunaux spécialisés pour mieux accompagner les victimes d’actes criminels, démontrent leur efficacité en Gaspésie. Ce changement administratif met l’humain au cœur des interventions.
En 2020, un comité d’experts déposait le rapport Rebâtir la confiance, qui comprenait 190 recommandations visant à remettre la personne victime au cœur des interventions en instaurant un tribunal spécialisé en matière de violence sexuelle et de violence conjugale.
« Où ça change et ça s’améliore, c’est au niveau de l’accompagnement et du support qui est offert aux personnes victimes qui sont dans le tribunal, qui vont devant dénoncer et passer à travers le processus judiciaire », démontre le directeur du Centre d’Aide aux Victimes d’Actes Criminels (CAVAC), Harry Babin.
Auparavant, les victimes n’avaient pas d’attention particulière lors du processus d’accompagnement devant les tribunaux, ce qui ne facilitait pas la prise de parole et de témoignage. Des lieux adaptés et plus chaleureux leur sont désormais réservés.
« C’est ce que ça fait, c’est que ça sécurise les victimes justement. On ne les met plus dans la salle des pas perdus où les gens attendent pour passer en cours. Au moins, elles ont une place maintenant pour se détendre et ne pas être à travers les gens parce que, je le répète ici, on est dans un petit endroit, tout le monde se connaît, autant en cour que dans un Tim Hortons », raconte la directrice du Centre d’Aide et de Lutte contre les Agressions à Caratères Sexuelles (CALACS), Annick Bouchard Beaulieu.
L’ajout d’un agent sociojudiciaire de liaison joue aussi un rôle central dans la collaboration avec les différents organismes impliqués dans l’accompagnement des victimes.
« Cette personne-là va faire une appréciation du risque de la personne qui est victime devant nous et elle va évaluer ses besoins et fournir une note, une opinion professionnelle au procureur. Le procureur pourra ensuite en tenir compte ou pas, mais il aura un meilleur portrait de la victime », explique le directeur du CAVAC.
Le tribunal spécialisé implique de la formation pour les intervenants, tels que les greffiers, constables et procureurs. Il assure également un soutien vertical aux victimes afin que celles-ci soient toujours en contact avec les mêmes personnes pour créer un lien de confiance.
« C’est de s’assurer que la personne victime n’ait pas à répéter à plusieurs reprises les événements et l’histoire qui est arrivée », précise M. Babin.
À la lumière des nombreuses recommandations, le ministre devrait implanter le modèle de tribunal spécialisé dans l’ensemble de la province d’ici 2026.