Travailleurs de la santé étrangers : des maisons modulaires inhabitées à Maria et Gaspé
Publié le 5 décembre 2024 à 15:51, modifié le 5 décembre 2024 à 15:51
Par: Louis-Philippe Morin
Les maisons modulaires construites à Maria et Gaspé pour abriter du personnel infirmier venu de l’étranger sont quasiment vides. En pleine crise régionale du logement, comment expliquer cette situation? L’organisme se désole de la situation… après tout, plusieurs millions de dollars ont été investis pour construire rapidement ce projet. Les gestionnaires parlent de mauvaise synchronisation entre la construction et l’arrivée du personnel infirmier… mais, surtout, on lance la balle dans le camp de la Société d’habitation du Québec qui gère ce parc immobilier… pratiquement inhabité.
En d’août dernier, tout le gratin politique de la région et la ministre responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, applaudissaient la fin de la construction de huit maisons modulaires à Maria. Le but était d’y abriter, temporairement, les travailleurs de la santé de l’étranger, venus œuvrer dans les établissements de la région… Aujourd’hui par contre, ces maisons sont majoritairement vides.
« Présentement, lorsque les modulaires ont été livrés… La cohorte… les gens étaient déjà arrivés… C’est juste une question de synchronisation entre le temps où les modulaires étaient disponibles et l’arrivée de la cohorte. », nous dit Yannick Sauvé, directeur approvisionnement et logistique, CISSS de la Gaspésie.
Selon les derniers chiffres, confirmés par les autorités du CISSS, seulement 3 des 8 maisons sont occupées à Maria et personne n’habite les 16 maisons du même genre à Gaspé… Par contre, elles pourraient l’être bientôt.
« … Il y a des gens qui s’en viennent en février. On en aura à Maria et à Gaspé … Donc on sait que ça sera plein. C’est un point d’ancrage pour eux. », poursuit monsieur Sauvé.
En pleine crise régionale du logement, il est difficile de comprendre que ces installations n’ont pas été mises à disposition des individus ou des familles qui cherchent un toit.
« On n’est pas propriétaire des unités. C’est la SHQ. À priori l’entente qu’on a avec eux, c’est pour avoir des gens, des travailleurs de la santé qui viennent de l’extérieur. », explique monsieur Sauvé.
Sauf que… même les travailleurs du privé, qui sont en grand nombre dans la région, ne se semblent pas se précipiter pour habiter ces unités… dont le prix mensuel est d’environ 1200 dollars par mois. Du côté politique, on se demande s’il était nécessaire à l’époque d’agir avec autant d’empressement… Pour les citoyens, la situation est déroutante.
« C’est sûr que la municipalité avait accéléré un peu le processus pour que la réglementation permette… D’installer ces unités mobiles. Mais, actuellement, pour la location… Ce sont les besoins de l’hôpital et c’est à eux à gérer ça. », propose Jean-Claude Landry, maire de Maria.
« Je n’étais pas au courant de ça… Je savais qu’il n’avait quelques-unes d’occuper, mais juste deux… Non. Ça me surprend, oui… Il disait tout le temps qu’il y avait un besoin pour ses habitations là et juste deux, je pense. », nous dit cet homme croisé dans un commerce de Maria.
« Je n’étais pas au courant (…) Avec tous les logements qui manquent, ça me surprend. », sourcille celui-ci.
Nous avons appelé la Société d’habitation du Québec pour obtenir plus d’informations… mais n’avons pas eu de réponse pour le moment. Rappelons que le CISSS jonglait avec l’idée de participer à la construction de nouvelles maisons modulaires… Avec les coupures demandées de près de 40 millions de dollars à l’organisme, il est probable que l’idée soit évacuée.