Traumatisme crânien : La résilience de Benjamin Fortin
Publié le 14 avril 2023 à 16:48, modifié le 14 avril 2023 à 16:54
Par: Allyson Dubé
On vous fait entendre ce soir le témoignage d’un homme de Cacouna, qui a été victime d’un traumatisme crânien sévère en juillet 2017. Sa voiture avait effectué un capotage dans une bretelle de l’autoroute 20. Son véhicule avait pris feu alors qu’il était inconscient.
Benjamin Fortin a dû ensuite changer complètement son mode de vie. Cela a été un véritable choc pour lui, qui était dans la fleur de l’âge et vivait à fond. Du jour au lendemain voir sa vie basculer et ne rien pouvoir faire pour changer ce nouveau destin. Ses projets s’envolaient en fumée, mais il a su se relever.
Le 7 juillet 2017, Benjamin Fortin est parti du garage Lahey à Rivière-du-Loup où il travaillait comme mécanicien vers l’heure du souper et a mis le cap vers Cacouna. Une belle journée d’été qui a tourné au cauchemar. Il ne peut l’oublier avec ses séquelles, mais n’en a aucun souvenir.
«Mes souvenirs arrêtent là, au moment que j’ai embarqué dans l’auto. Ce que je me souviens réellement, c’est après ça un mois plus tard à l’Enfant-Jésus. Les mois qui ont suivi, ce n’est pas du néant, mais presque. », expliquait Benjamin Fortin.
Au début de sa réadaptation, il poussait pour reprendre son train de vie quotidien.
«Un avenir qui était planifié, je m’en venais vers un summum de ma carrière. Être obligé de tourner complètement la page... Faut l’accepter que ça ne reviendra pas, mais de l’autre côté, il faut que t’adaptes ta vie en conséquence de l’énergie que t’as. Ça va être un bagage que je vais trainer toute ma vie. », racontait l’homme.
Passionné de son travail, il a vu son avenir s’écrouler. Il devait trouver un nouveau chemin de vie. C’est pourquoi il est devenu directeur de compte pour une entreprise en services financiers quelques heures par semaine.
Encore aujourd’hui, s’il souhaite passer une journée Québec, il doit prévoir des jours de repos avant et après. Ce qu’il a trouvé le plus difficile dans tout cela, c’est d’être compris.
«Souvent t’es seul avec toi-même. Oui tu peux en parler, mais t’es beaucoup pris avec cette situation-là. C’est difficile de comprendre quelqu’un qui a passé à travers un tcc, sans l’avoir vécu. Être capable de dire, ah, lui a eu un tcc, c’est très difficile. D’un certain côté, c’est une maladie en blanc, on ne voit pas d’effets concrets. », estime le traumatisé crânien.
Une conférence pour raconter son parcours de résilience
Il a tenu une conférence samedi dernier à la bibliothèque Émile-Nelligan de Cacouna, pour partager son parcours, sa résilience et aider son prochain qui vit ou vivra cette épreuve.
«Suite à la conférence, y’a eu plusieurs personnes qui sont venues me voir et m’ont dit, hey justement, j’en ai fait un. J’aimerais ça avoir ton parcours, que même moi quand j’ai eu mon tcc, je cherchais des gens qui en avaient eu. Je me suis rendu compte qu’il y a beaucoup de gens qui auraient aimé ça avoir du support, parler avec quelqu’un qui a passé à travers. », pense Benjamin Fortin.
Selon lui, les traumatismes crâniens sont encore méconnus. Il devrait y avoir plus de sensibilisation.
« Peut-être de la conscientisation, qu’ils soient plus impliqués au niveau des écoles, sous forme peut-être de conférence ou autre, oui ça pourrait être quelque chose a apporté, ça serait surement bénéfique pour la population.», croit le père de famille.
S’en remettra-t-il complètement un jour?
« Un midi, ça arrive de pas me rappeler ce que j’ai mangé le matin. », a t’il dit, pour donner un exemple sur sa condition.
Un groupe d’entraide pour les traumatisés crâniens serait apprécié au KRTB. Ce qui est certain, c’est qu’en parler avec d’autres atténue ce mal invisible.
Images d’archives de l’accident en 2017