Transport aérien régional : Pascan a les ailes coupées
Publié le 14 novembre 2023 à 08:18, modifié le 14 novembre 2023 à 11:04
Par: Louis-Philippe Morin
L’entreprise aérienne PASCAN procédera à des mises à pied dans les prochaines semaines. Le transporteur opère, entre autres, en Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine… et la décision pourrait entraîner des lacunes de mobilité aérienne dans la région.
La fin du programme d’aide pour le maintien des services aériens régionaux essentiels du gouvernement du Québec et les coûts considérables de main-d’œuvre fait mal au plus important transporteur aérien de la région, Pascan. La compagnie doit se restructurer et, au passage, des emplois seront perdus dès décembre… On ne sait pas combien de travailleurs seront mis à pied ni ce que cela changera pour les dessertes régionales, mais l’information a de quoi déstabiliser.
« Le gouvernement provoque une crise dans le transport aérien régional en abandonnant le programme… en coupant les ailes d’un transporteur comme Pascan aviation. Ce dernier offre un service essentiel. Il y a un programme de maintien de services essentiels et on l’ampute. », estime Joël Arseneau, critique en matière de Transports pour le PQ.
De l’autre côté de l’Assemblée nationale, le représentant du gouvernement pour le transport régional croit que la fin de certains programmes financiers reliés à la COVID, mis en place pour aider les compagnies aériennes régionales, pourrait expliquer la situation.
« Ce programme-là a été prolongé une fois, pour permettre le redémarrage de dessertes aériennes régionales, suite à la COVID-19. Maintenant, ce programme-là prenait fin au 30 septembre. C’était clair que ce programme-là était le dernier des programmes d’aide COVID. », clarifie Yves Montigny, responsable du transport aérien régional pour la CAQ.
Pour le moment, Pascan se veut rassurent : la desserte des aéroports de Gaspé et Bonaventure n’est pas remise en question.
Les passagers et le personnel, croisés à l’aéroport de Bonaventure, ne se disent pas inquiets quant à l’avenir de Pascan. Par contre, tous ont noté la fragilité du transport aérien dans la région et espèrent que le gouvernement fera des efforts pour solidifier le tout.
Quant à l’avenir, les élus de la région croient, justement, que le gouvernement devra s’en mêler.
« On est peut-être rendu à cette option-là : contrôler les marchés… quitte à subventionner les transporteurs ou l’achat de billets… le temps que le marché s’installe. On est en présence d’un service essentiel et ce n’est pas normal que tout ça soit laissé entre les mains du privé… que les services essentiels à la population soit laissé entre les mains du privé, au gré de la réalité financière ou des profits. Il y a quelque chose qui ne marche pas là-dedans. », croit Daniel Côté, maire de Gaspé.
« On ne peut pas abandonner le transport aérien régional sans que ça ait des conséquences absolument terribles sur l’économie, la santé des gens et sur le développement, bien entendu. », scande Joël Arseneau.
Le gouvernement confirme, cependant, que le comité permanent sur le transport aérien régional, mis en place pour aider à trouver des solutions à la crise, continue son travail… et que de bonnes nouvelles s’en viennent.
« On va le convoquer bientôt parce qu’on a des propositions d’action pour améliorer le programme d’accès aux régions qui seront présentées aux membres du comité. On a des choix à faire. Si on décide différents scénarios, ça aura un impact sur le budget. », explique monsieur Montigny.
Le programme des billets à 500 dollars est toujours en place. Par contre, plusieurs se demandent si, après le temps des Fêtes – une fois l’effervescence des rencontres passée – les choses ne se compliqueront pas davantage pour les compagnies aériennes… et que les pertes d’emplois et de dessertes ne se multiplieront pas. Il faudra que le gouvernement fasse atterrir un programme pérenne pour consolider le transport aérien régional.