Sous-financement de Québec: pas reposant offrir un service de répit
Publié le 22 février 2024 à 09:09, modifié le 22 février 2024 à 09:57
Par: Patrick Giguère
La maison Maguire de Carleton-sur-Mer peine à joindre les deux bouts pour maintenir son service d’hébergement de fin de semaine et estival.
La seule maison de répit et d’hébergement pour handicapées de la Gaspésie est contrainte d’opérer à perte en raison d’un sous-financement de Québec.
« C’est 2000 dollars par répit qu’on perd et ça ne comprend pas les frais d’opération de la bâtisse. C’est un gros manque de ce côté-là », déplore la directrice des projets de la maison Maguire de Saint-Omer, Michèle Beaulieu.
C’est une quarantaine de personnes qui fréquentent normalement le centre de jour à chaque semaine. 17 personnes sont accueillies lors des répits mensuels, offert une fin de semaine par mois. Il en coute 175 $. S’il n’y a pas de bonification à court terme, des choix déchirants devront être faits.
« On va être obligé de réduire les services, ce qu’on ne veut vraiment pas parce que je trouve c’est que les parents sont pris en otage dans ce dossier là et ils ont vraiment une limite de capacité de payer..»
Ce sous-financement représente aussi tout un casse-tête lorsque vient le temps de retenir ou attirer du personnel.
«C’est sûr qu’il va falloir que le gouvernement ajuste aussi le financement pour les organismes communautaires soient plus attractifs aussi et plus compétitifs, ce qui n’est pas le cas pour les organismes communautaires actuellement », soupir la gestionnaire.
Il y a aussi un sondage mené auprès des organismes membres de Répit Québec qui confirme le manque de financement pour ce secteur et aussi un allongement des délais d’attente. Pendant ce temps, ce sont les familles qui écopent.
« On a besoin d’être soutenus, on a besoin d’un plan, on a besoin d’avoir des façons uniformiser à travers la province pour être financés », exhorte la chargée de projet de Répit Québec, Carolyne Lavoie.
Des constats alarmants
Un sondage réalisé en décembre dernier auprès des membres de Répit Québec confirmait le manque de financement pour le secteur et l’allongement des délais d’attente pour les familles.
Plus d’un organisme de répit sur cinq songe ou a déjà songé fermer en raison de lacunes au niveau du financement. Les trois quarts des organismes ont une liste d’attente pour leurs services et 62 % d’entre eux ont vu cette liste d’attente s’allonger depuis un an. En moyenne, les familles qui sont sur les listes d’attente patientent 317 jours pour obtenir une place dans un organisme de répit. Dans 41 % des organismes, la liste d’attente s’étire sur plus de 7 mois. Il en ressort aussi que faute de moyens, les deux tiers (67%) des organismes consultés rémunèrent les membres de leur équipe répit entre 17$ et 22$ de l’heure, ce qui est nettement insuffisant par rapport au marché de l’emploi actuel.
En avril 2023, le gouvernement du Québec annonçait une somme de 50 millions de dollars pour venir en aide aux ressources de répit. Mais le financement se fait toujours attendre, près d’un an plus tard.
« C’est sûr que si ce financement là faisait partie du financement à la mission globale de tous les organismes communautaires, on ne serait pas obligés de faire des demandes annuelles pour ce financement là sachant qu’il est pour 5 ans. Après 5 ans, qu’est-ce qui va se passer, on ne sait pas… », laisse tomber Mme Beaulieu.