Services ambulanciers régionaux : des délais de réponses encore trop longs
Publié le 27 mai 2025 à 16:16, modifié le 27 mai 2025 à 16:16
Par: Louis-Philippe Morin
Les délais d’intervention des ambulances mettent des vies en danger, particulièrement en région, selon un rapport présenté la semaine dernière par le Vérificateur général. La Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine ne sont pas épargnées. Alors qu’on estime qu’une ambulance devrait intervenir en moins de 10 minutes, il n’est pas rare d’attendre entre 15 et 20 minutes dans la région. Les acteurs du milieu expliquent que ce problème est dû en partie à cause des horaires de faction, du manque de premiers répondants et parce que les ambulanciers eux-mêmes répondent à trop d’appels non urgents.
La performance des services ambulanciers est au cœur du dernier rapport du Vérificateur général de la province. On y lit que 45% des transports ambulanciers prennent plus de 10 minutes… le temps estimé pour diminuer les chances de décès sur un appel urgent. En région rurale, ce chiffre augmente à 59%.
« On s’entend que nous, les paramédics, on gère des vies. On sauve la population et on est là pour donner des soins d’urgence. Ce qu’il faut, c’est de la disponibilité des véhicules ambulanciers. Présentement, en Gaspésie et aux Îles, les horaires de travail sont encore beaucoup en horaire de faction. », affirme Jérémie Landry, vice-président exécutif à la Fédération préhospitalier du Québec.
Ces horaires de faction sont un système qui force les ambulanciers à rester de garde à domicile, 24 heures sur 24, pendant 7 jours. Résultat, 7 à 12 minutes de délais supplémentaires s’ajoutent en temps de réponse, pour que les paramédics se rendent à la caserne. Malgré tout, on nous assure qu’il y a assez d’ambulances sur le territoire pour faire un travail efficace… le problème c’est que les travailleurs ambulanciers sont aux prises avec des demandes qui ne devraient pas les concerner.
« Beaucoup trop de véhicules ambulanciers sont utilisés pour les mauvaises raisons. Une ambulance, là, ce qu’il faut comprendre… Sa mission première, c’est de sauver des vies et de répondre à des appels urgents. Présentement, les ambulances et les paramédics sont utilisés pour faire des transports adaptés, ils sont utilisés pour faire des retours à domicile. Ils sont utilisés pour faire un peu de taxi. », note monsieur Landry.
Pour les principaux acteurs autour du dossier, il faut revoir l’ensemble des services ambulanciers… y investir du temps et de l’argent. Il faut aussi augmenter le nombre de premiers répondants en région… une affirmation corroborée par le VG qui affirme que les premiers répondants, qui sont souvent des pompiers ou des bénévoles formés, arrivent avant l’ambulance. En milieu rural, ils sont sur place environ neuf minutes avant les ambulanciers.
« L’ajout du premier répondant est essentiel. D’ailleurs, on est dans les régions pionnières au Québec, la Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine, d’avoir eu des premiers répondant dans les années 90. », estime, quant à lui, le docteur Sébastien Toussaint, vice-président à la Corporation des services d’ambulance du Québec.
Le gouvernement visait pourtant augmenter substantiellement la part de la population couverte par un service de premiers répondants d’ici 2028. Mais le Vérificateur général a constaté que depuis 10 ans, rien n’a bougé. On est encore à négocier les détails du financement, entre les municipalités et Québec, sur une répartition de l’investissement… Entre temps, si vous faites une crise cardiaque, chaque seconde compte…
« On sait que chaque minute, jusqu’à la 10e minute… C’est proportionnel à des pertes de sauver des vies. À 10 minutes, c’est 0 %. Ce n’est pas faible, la littérature est très claire! À partir de 10 minutes, le taux de survie tombe à 0 %. », rappelle docteur Toussaint.