Seigneurie des Aulnaies : la tannerie sera démolie
Publié le 20 janvier 2020 à 18:42, modifié le 20 janvier 2020 à 18:48
Par: CIMTCHAU
La tannerie située à Saint-Roch-des-Aulnaie sera bientôt démolie. Contrairement à d’autres bâtiments de la Seigneurie des Aulnaies, l’ancienne usine n’est pas un site historique reconnu et protégé.
On devine à peine aujourd’hui la silhouette de la maison de Thomas Bouchard, fondateur de la tannerie Bouchard et Fils.
« Voici le grand-père avec sa famille, dans les années 1920-1930. Ici, ce sont les bâtiments quand il a démarré la tannerie au début des années 1900 », indique Jean-Claude Bouchard, le petit-fils de Thomas Bouchard, en montrant des photos.
Construite en amiante à l’époque, la maison est désormais recouverte de tôle. Jean-Claude Bouchard peut la voir de sa fenêtre tous les jours, mais plus pour bien longtemps.
« Ça nous fait quelque chose, c’est sûr. Mais peut-être que pour l’environnement, ça va être plus beau de voir le paysage plutôt que des bâtisses qui ne servent plus à rien », se dit Jean-Claude Bouchard.
Les premiers articles de cuir fabriqués à la tannerie servaient essentiellement à l’attelage des chevaux pour les travaux sur la ferme et dans le bois. À la mort de Thomas Bouchard, l’entreprise passa aux mains de ses fils, Joseph et Charles-Eugène, en 1935. Les deux frères entreprirent la fabrication de sacs d’école, de harnais pour raquettes et des couvre-sièges pour voiture, entre autres, et offraient également un service de cordonnerie.
Les frères Bouchard s’approvisionnaient en peaux, principalement de bœuf, de vache, de veau et parfois de mouton, localement, mais aussi jusqu’au Nouveau-Brunswick. La clientèle pouvait venir d’aussi loin que l’Alberta, où la marchandise était expédiée.
La tannerie fut vendue à la famille Boucher, de St-Pascal, en 1984. Elle a cessé ses activités en 1998.
Bâtiments vétustes et sols contaminés
Plus de 20 ans après sa fermeture, le site sera bientôt démoli, soit en février ou mars prochain, en raison notamment de la vétusté des lieux.
« On a tout fait pour le mettre en valeur, mais [cette finalité] on ne peut y échapper », lance le maire André Simard.
Autre problème : les sols sont contaminés par les produits chimiques utilisés par l’industrie à partir des années 1960 (ce qui permettait désormais de tanner une peau en quelques semaines, plutôt qu’en quelques mois). Difficile donc de conserver le patrimoine bâti sur ces terrains.
« Pour faire cela, il faut soumettre un plan de réhabilitation et faire affaire avec des experts. On embarque dans un engrenage qui fait en sorte que les coûts peuvent être énormes », avertit le maire, qui ajoute que les élus ont étudié la question, à savoir si Saint-Roch-des-Aulnaies n’avait pas pu acquérir le site pour une somme symbolique. Mais, le risque financier était trop élevé poursuit André Simard, même si des programmes environnementaux avaient payé une partie de la facture pour la décontamination.
Tout n’est pas perdu
À défaut de pouvoir mettre en valeur l’ancienne tannerie, la municipalité fera par contre des démarches pour en préserver la mémoire.
« Nous allons relever l’histoire, que ce soit des photos, les témoignages de gens qui ont travaillé là, etc. Il y a le musée de la mémoire vivante et aussi une publication qu’on entrevoit », assure André Simard.
Les souvenirs de la famille Bouchard pourraient d’ailleurs constituer un bon point de départ.
« On va garder toutes ces photos et en faire un album », mentionne Jean-Claude Bouchard.