Santé : pas de pharmaciens dans les urgences de la région
Publié le 4 février 2025 à 14:46, modifié le 5 février 2025 à 08:38
Par: Louis-Philippe Morin
Le manque de pharmaciens dans les urgences de la région peut-il nuire aux soins offerts au patient? L’Association des pharmaciens des établissements de santé croit que oui… même si le CISSS de la Gaspésie assure que le service est comblé autrement. D’un côté comme de l’autre, on estime avoir raison. Il est vrai qu’aucun pharmacien n’est affecté aux urgences dans la région… un fait déplorable selon l’association de pharmaciens. Par contre, le CISSS affirme que les pharmaciens qui travaillent dans les hôpitaux, en dehors de l’urgence, sont capable de répondre à la demande.
Le constat est surprenant… mais, en Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine, il n’y a aucun pharmacien dans les urgences. C’est une enquête de l’Association des pharmaciens des établissements qui lève le voile sur cette découverture. Une situation jugée alarmante par sa présidente.
« Quand on met un pharmacien à l’étage, c’est prouvé qu’on diminue la durée de séjour à l’hôpital, on augmente l’accès aux soins. On évite des hospitalisations, on diminue le temps d’attente à l’urgence, on diminue les effets indésirables ou les erreurs avec les médicaments. Donc, ça augmente de beaucoup la qualité, l’accès et la sécurité des soins. », affirme la président de l’APES, Julie Racicot.
De son côté, les gestionnaires du CISSS répliquent que la santé des citoyens n’est pas mise à mal… et que le plan d’effectifs de ses pharmaciens ne prévoit pas de poste dans les départements d’urgence de la région.
« C’est sûr que si on avait un pharmacien dédié 100 % à l’urgence, ça serait merveilleux pour l’ensemble des équipes. Mais, présentement, ces équipes-là ont quand même accès à l’expertise de pharmacien… Mais ces pharmaciens-là ne sont pas dédiés entièrement au service d’urgence. », réplique Jean-François Sénéchal, directeur adjoint à la direction médicale et aux services professionnels.
Par contre, le CISSS avoue qu’il y a un manque de pharmaciens sur le territoire. Les postes sont pourvus à environ 80%… Un concours de circonstances oblige l’organisation de santé à faire appel à de la main-d’œuvre de dépannage…
« Par contre, ce qui arrive, c’est que les postes sont pourvus, mais on a des congés de maternité… On a des maladies. Donc, lorsqu’on perd ses ressources-là, qui s’en vont en congé prolongé… c’est difficile à remplacer. », précise monsieur Sénéchal.
Ultimement, le CISSS pourrait tenter d’adopter la même stratégie qu’avec le personnel infirmier : dernièrement l’organisme de santé annonçait avoir convaincu 28 travailleurs de la main-d’œuvre indépendante à joindre ses rangs. Rappelons que le CISSS de la Gaspésie devra s’affranchir complètement de la main-d’œuvre privée d’ici l’automne 2026.
« L’arrivée de Santé Québec a fait en sorte que nous, la main-d’œuvre, les pharmaciens-dépanneurs proviennent beaucoup de services de pharmacies d’autres hôpitaux du Québec. Là, on est tous rendus avec le même employeur. Donc, ce n’est plus de la main-d’œuvre indépendante comme telle. », explique le directeur adjoint.
Le manque de pharmaciens en établissements de santé n’est pas unique à la région. La situation se détériore partout, entre autres en raison de l’écart des salaires entre le privé et le public. Comme on doit faire deux ans de plus d’études pour travailler en milieu hospitalier, le calcul salarial décourage plusieurs candidats qui préfèrent se lancer dans le monde du travail plus tôt.
« Les jeunes veulent devenir pharmacien… Il n’y a pas beaucoup de place, donc peu d’élus. Mais, on doit ensuite les assurer pour faire la maîtrise… Avec des programmes de valorisation et de promotion. Une entente de travail qui permettrait d’attirer, et retenir les pharmaciens à l’emploi du réseau, ce sont toutes des modalités qui vont aider grandement. », sourit madame Racicot.
Tout ça fera partie des négociations entre Québec et les pharmaciens d’établissements de santé, dont le contrat de travail est échu depuis deux ans. Voyons voir quel remède le gouvernement emploiera pour dénouer l’impasse.