Salaire minimum à 18$ l’heure: pas pour tout de suite
Publié le 2 mai 2022 à 17:07, modifié le 2 mai 2022 à 17:21
Par: Patrick Giguère
Au lendemain de la journée internationale du travail, le salaire minimum au Québec passe à 14 dollars 25 de l’heure. Une hausse qui est déjà dénoncée par plusieurs organismes qui estiment qu’il en faudra plus pour vivre décemment.
C’est environ 300 mille Québécois qui profitent d’une hausse salariale de 0,75$ l’heure.
« Moi je suis quand même content. C’est un petit plus quand même que je peux avoir. Ça peut aider un petit peu », s’exclame Jérémy Leblanc, un travailleur de 20 ans.
Malgré les deux ans de pandémie, les PME de la Baie-des-Chaleurs ne devraient pas avoir de difficulté à absorber ce rehaussement du salaire minimum.
« Ils étaient quand même préparés depuis l’an dernier. Ils ont eu le temps de se préparer en fonction de l’augmentation du salaire minimum. (…) Justement, à cause de la pandémie et du manque de main d’œuvre, il y a déjà plusieurs entreprises qui ne sont plus au salaire minimum » , indique le directeur général de la Chambre de commerce et d’industrie de la Baie-des-Chaleurs, Maurice Quesnel.
Québec Solidaire et la CSN jugent que le salaire minimum n’est toujours pas assez élevé. Selon eux, un salaire décent et viable, c’est 18$ de l’heure.
« Donc, un salaire minimum à 14,25$, c’est rire du monde. C’est de dire que : moi, ça ne me dérange pas que tu travailles au salaire minimum et que tu restes dans la pauvreté », illustre la représentante de Québec solidaire dans Bonaventure, Catherine Cyr-Wright.
« Les propriétaires vont peut-être faire un peu moins d’argent, mais la qualité de vie de leurs employés va être grandement augmentée. Quand la qualité de vie des salariés est augmentée, la production augmente également », souligne le président de la CSN Gaspésie-Les-Îles, Serge St-Pierre.
Mais un tel salaire est-il réaliste pour les commerçants?
«Ce n’est pas vraiment réalisable, parce que le coût de l’épicerie est déjà très cher. Alors, si on a des salaires de base a 18$ de l’heure, il va y avoir encore une hausse d’épicerie et je ne suis pas sûr que le monde est capable d’endurer cette inflation la qui est très soutenue depuis un an », soutient le directeur général de la COOP IGA de Maria, Claude Carrier.
«Je pense que quelqu’un qui gagne vingt ou vingt et une piastres de l’heure, lui aussi va vouloir une augmentation et c’est totalement justifiable», soulève le responsable des cuisines du restaurant Le Fin gourmet de New Richmond, Pier-Luc Landry.
Pour la propriétaire de Caprices de cuisine, le gouvernement aura à jouer un rôle important auprès des PME pour éviter une explosion des biens essentiels.
«Je crois que ça devrait être versé en subvention par le gouvernement pour que les commerçants en besoins essentiels ne soient pas obligés de jouer sur le prix de vente », mentionne Mélissa Vaillancourt.
Il ne faut pas oublier que la hausse des salaires aura un impact majeur sur le cout de la consommation, indique Isabelle Cormier.
« Moi, personnellement, je prévois deux bonnes années d’inflation devant nous. Ça pourrait donner des hausses sur trois ans de 10 à 12% facilement. Honnêtement, avec la période inflationniste qu’on va connaître, je pense que c’est peut-être quelque chose de réaliste. Il faudra voir où on sera rendu », affirme pour sa part Isabelle Cormier, la directrice générale de BMR Groupe Cormier.
Un débat qui n’est pas prêt de se terminer alors que le salaire minimum devrait atteindre 15 dollars l’heure en 2023.