Les services de sages-femmes et lieux de naissances alternatifs accusent d’un important retard dans la Belle province, principalement dans les régions à faible densité de population.

« Par rapport à d’autres régions du monde et même en Ontario, le déploiement des services de sages-femmes au Québec tarde », lance la porte-parole des MRC de Bonaventure et d’Avignon pour la Collectif Accès Sages-femmes, Caroline Hamelin.

Pour mieux comprendre la vision de Québec, six groupes mobilisés pour implanter cette expérience personnalisée, dont ceux de la Baie-des-Chaleurs, Gaspé et des Îles-de-la-Madeleine, ont fait parvenir une missive au ministre de la Santé pour solliciter une rencontre.

« Partout au Québec, on a évalué des modèles différents qui seraient vraiment campés dans le milieu et adaptés aux réalités régionales, mais on voit finalement  que tous ces modèles-là ont été soumis, mais on n’a pas de feu vert», déplore-t-elle.

« Je pense qu’il y a un peu de résistance et il y a beaucoup de méconnaissance autour de la profession aussi », croit de son côté la directrice d’Entraide Sein-Pathique des Îles-de-la-Madeleine. Depuis plus de douze ans, malgré les mobilisations et revendications de parents, on se butte constamment aux refus du Centre intégré de santé et de services sociaux de l’endroit.

« Il y a eu trois changements de présidente-directrice générale au CISSS et dans le fond ce qu’on a entendu, selon le CISSS, les familles sont satisfaites des services, mais dans la communauté ce n’est pas ça qu’on entend  », mentionne Jan Kelly.

Avec une moyenne de cent naissances par années sur l’archipel, la directrice de l’organisme, qui offre du support aux familles pendants la période périnatale et post-natale, a sa propre théorie.

« S’il y  a des accouchements qui sont enlevés du centre hospitalier peut-être que ça va faire moins d’expérience pour les professionnels qui travaillent dans le système médical.»

Dans la lettre, la porte-parole pour la Baie-des-Chaleurs évoque une question d’équité interrégionale, qui en plus de favoriser la santé des femmes et des enfants, permettra à terme de réduire la pression sur le milieu hospitalier et réaliser des économies.

«  En 2015,  il y a eu un engagement via le Cadre de référence sur le déploiement des services de sages-femmes à travers les régions du Québec. C’était dit que les femmes au Québec devaient toutes avoir accès aux services de sages-femmes et évidemment ce n’est pas le cas aujourd’hui», ajoute Mme Hamelin.

Le CISSS de l’archipel et le cabinet du ministre de la Santé n’étaient pas en mesure de répondre à nos questions en fin d’après-midi. Les deux intervenantes espèrent cependant réussir à convaincre Christian Dubé de donner un réel choix aux femmes pour mettre au monde leur poupon dans les conditions qu’elles souhaitent.

L’implantation d’un lieu de naissance fait son chemin dans la Baie-des-Chaleurs 

L’automne dernier, le Collectif Accès sages-femmes de la Baie-des-Chaleurs a fait l’embauche d’un chargé de projet pour explorer divers scénarios à Maria. Depuis le début des suivis, en août 2019, 121 femmes ont eu recourt aux différents services offerts par les sages-femmes. Quatre sages-femmes sont à l’œuvre dans la Baie-des-Chaleurs, seul endroit où le service est offert en Gaspésie pour le moment.