Réduction des services de santé : des impacts ressenties en Haute-Côte-Nord
Publié le 15 mai 2024 à 18:52, modifié le 15 mai 2024 à 19:00
Par: Jérôme Gagnon
Les mesures pour mettre fin au recours à la main d’œuvre indépendante en santé vont causer d’importantes réductions de services dans certaines régions. Ce bras de fer entre les agences privées et le ministre Christian Dubé inquiète.
« Moi, ça fait 5 ans que je suis ici et c’était un endroit où j’aurais aimé amener ma mère ou mon père s’il y avait eu des besoins. Aujourd’hui, je peux vous dire que non, je ne les amènerai pas », mentionne Dany Dion.
La Côte-Nord est frappée par des coupures de services sans précédent dans ses soins de santé. Au CHSLD des Bergeronnes, on en ressent déjà les effets depuis près deux semaines, raconte cette préposée au bénéficiaire de l’unité.
« Ça diminue le rendement du personnel. Ce que je constate, c’est que la nourriture est plus la même et le service des résidents n’est plus le même non plus. Les préposés ont un stress épouvantable », dénonce-t-elle.
Par exemple, dans cet établissement, jusqu’à sept préposés au bénéficiaire sont liés à des agences et pourraient prendre l’option de quitter dans un mois. Les nouvelles obligations relatives aux salaires rendent les régions éloignées comme Côte-Nord moins attractives.
« Notre gestionnaire qui fait des pieds et mains, ne se fait plus où se garrocher », ajoute la femme.
Familles et résidents vivent une période particulièrement stressante. C’est le cas d’Éric Brisson, vivant dans ce CHSLD.
« On va être bien traiter quand même, c’est certain. Pour nous, c’est un recommencement et on apprécie les employés qui nous connaissent », souligne l’usagé aux prises avec sclérose en plaques.
« Moi, ce que je ressens, oui, c’est de la détresse, mais on se sent mis de côté par le gouvernement », indique de son côté la présidente des bénévoles du CHSLD, Johanne Savard.
Ces gens, affectés par la situation, estiment que la transition a été mal planifiée et ne prend pas en compte les besoins de leur région. Environ 60 % du personnel du CISSS est recruté via les agences de placement.
« C’est vrai. Ça nous coûtait cher sauf que c’est peut-être drastique. Il faut prendre conscience que du personnel, il n’y en a pas », lance l’employée du CISSS.
Quelque 600 postes sur le terrain sont vacants sur le territoire de la Côte-Nord. La PDG du CISSS a notamment lancé un cri du cœur hier à la population. Le ministre Dubé a déclaré, hier, que ce n’est pas le moment de reculer.