Redécoupage électoral : Avignon-La Mitis-Matane-Matapédia disparaîtra
Publié le 24 février 2025 à 15:36, modifié le 24 février 2025 à 15:36
Par: Louis-Philippe Morin
La Cour fédérale a tranché dans le dossier dans la demande d’invalidation du redécoupage du comté d’Avignon-La Mitis-Matane-Matapédia. Le juge Sébastien Grammond rejette les demandes et, donc, la circonscription disparaîtra aux prochaines élections.
Le temps est compté pour la circonscription d’Avignon-La Mitis-Matane-Matapédia…elle continuera d’exister jusqu’à la prochaine élection seulement. Un juge de la Cour fédérale a rejeté la demande visant à annuler l’abolition de ce comté, tel que proposé par la Commission sur le redécoupage électoral. Le territoire de la nouvelle circonscription s’étendra donc de Listuguj jusqu’aux Îles-de-la-Madeleine.
« De façon générale, c’est l’ensemble des régions, dans ce cas-là à l’échelle du pays. Si on continue dans cette tangente-là, on va continuer à perdre des circonscriptions dans les régions, au profit des grands centres. Ça, ce sont des voix qu’on perd sur toutes les réalités régionales et des enjeux d’occupation du territoire. »explique le préfet de la MRC Avignon, Mathieu Lapointe.
« Ça peut juste… Un jour, si ça continue comme ça, on va se ramasser avec un comté de Lévis jusqu’à Gaspé. », poursuit son collègue de la MRC Bonaventure, Éric Dubé.
Rappelons que le candidat à l’investiture du Bloc québécois dans cette nouvelle circonscription, Alexis Deschênes, et l’organisme Droit collectif Québec affirmaient que ces nouvelles délimitations nuiraient à une représentation effective des électeurs, et que la superficie de la nouvelle circonscription serait trop vaste pour permettre à un député de bien remplir son rôle.
« Un de ces arguments, c’était de dire qu’il y a d’autres circonscriptions qui sont aussi grandes. Écoutez… Si les citoyennes et les citoyens des autres circonscriptions ont accepté que leurs droits soient potentiellement brimés, c’est une chose… Mais ce n’est pas une raison pour justifier, éventuellement, brimer les droits politiques des Gaspésiennes et des Gaspésiens. », lance Étienne-Alexis Boucher, directeur général chez Droit collectif Québec.
Au bout du compte, la Cour fédérale a repris les arguments sur la superficie des circonscriptions. Selon le juge, il était raisonnable de conclure que ces enjeux ne justifient pas l’existence d’une circonscription, dont la population est inférieure de près de 36 % à la population moyenne.
« Tant que les législateurs ne changeront pas la manière qu’on peut être représenté, les régions vont toujours finir par écoper. Notre population, même si on se bat pour qu’elle continue à augmenter – et on a inversé la tendance -, on ne sera jamais capable de suivre le même rythme que Toronto, Montréal ou Vancouver. », déplore monsieur Dubé.
Quant aux arguments des demandeurs qui prétendaient que les habitants de la nouvelle circonscription ont des intérêts divergents et que même s’ils partagent la même région, ils ne partagent pas toujours les mêmes valeurs, le juge les a balayés du revers de la main.
« On s’est aussi battu, parce que la loi électorale prévoit que les circonscriptions doivent respecter les communautés naturelles… Qu’elles soient sociologiques ou géographiques. On n’a pas l’impression que ce redécoupage-là, respecte de tes critères. », expose monsieur Boucher.
Alors? Adieu Avignon-La Mitis-Matane-Matapédia? Pas nécessairement. L’organisme Droit collectif Québec et le candidat bloquiste Alexis Deschênes se pencheront sur le dossier, dans les prochaines semaines et pourraient porter leur cause en appel. Attendons donc avant de rayer le comté complètement.