Protéger 38 millions d’actifs côtiers à Notre-Dame-du-Portage : des citoyens réagissent
Publié le 11 octobre 2024 à 12:17, modifié le 11 octobre 2024 à 12:26
Par: Ariane Boyer
Près de 38 000 bâtiments au Québec sont menacés par l’érosion côtière, et Notre-Dame-du-Portage ne fait pas exception. Hier soir, une séance d’information a eu lieu dans cette municipalité pour discuter des différentes options visant à protéger les berges. L’événement, organisé en partenariat avec la municipalité et le ministère de la Sécurité publique, visait à informer les citoyens sur les prochaines étapes de ce projet d’envergure.
Cela fait plus de 18 mois que Québec a confirmé l’octroi de 9,4 millions de dollars pour soutenir la protection des berges à Notre-Dame-du-Portage. Cependant, malgré cette aide financière, la complexité du projet freine sa progression. En effet, 21 autorisations sont nécessaires avant de commencer les travaux, et 145 bâtiments sont directement exposés à des risques d’érosion.
Selon Dominic Lachance, directeur en ingénierie des infrastructures et adaptation aux changements climatiques à la FMQ, « dans un milieu aussi sensible que Notre-Dame-du-Portage, il est nécessaire d’obtenir de nombreuses autorisations, notamment pour protéger la faune et l’environnement ».
Les enjeux sont de taille : 38 millions de dollars en actifs sont à protéger sur un tronçon de 6 km, de l’ouest du quai jusqu’à la halte routière de la municipalité. Pour les riverains, l’attente devient insoutenable. Plusieurs d’entre eux ont exprimé leurs préoccupations lors de la rencontre, soulignant l’urgence d’agir pour éviter de lourdes conséquences.
« La terre s’affaisse, le mur penche de plus en plus et les vagues passent maintenant par-dessus. Si rien n’est fait rapidement, il finira par tomber », témoigne un citoyen inquiet, évoquant les dégâts causés par l’érosion.
Et le côté est du quai ?
Un autre enjeu majeur concerne le côté est du quai, qui n’est pas inclus dans la subvention actuelle. Toutefois, des relevés topographiques et bathymétriques seront réalisés sur toute la zone, ce qui permettra à la municipalité de déposer une nouvelle demande de subvention pour cette partie. Plusieurs résidents de ce secteur estiment néanmoins être délaissés par le projet.
« Ça aurait dû être fait en même temps, car nous avons déjà vu la mer déborder de ce côté. Nous sommes tout aussi vulnérables », déplore un autre citoyen, visiblement préoccupé.
Les travaux prévus pour 2027
Les travaux pour la partie ouest devraient commencer d’ici 2027, laissant aux autorités le temps d’obtenir les autorisations nécessaires. En attendant, quatre autres séances d’information sont prévues afin de consulter les citoyens et suivre l’évolution du projet.
Pour Vincent More, maire de Notre-Dame-du-Portage, l’implication citoyenne est un signe encourageant. « Je remarque un réel changement dans les mentalités. Les citoyens comprennent l’importance de préserver leur bord de fleuve, et c’est une évolution positive », souligne-t-il.
Une jeune citoyenne, présente avec ses grands-parents, a également insisté sur l’importance de l’engagement des résidents : « Mon grand-père a planté des rosiers et renforcé la berge. Si chacun fait sa part, ça peut vraiment faire une différence. Je pense que c’est essentiel que l’action citoyenne soit prise en compte. »
Des défis qui s’amplifient avec les changements climatiques
Le défi est d’autant plus important que les changements climatiques intensifient les tempêtes et l’érosion côtière. Dominic Lachance a rappelé que « les ouvrages de protection, quels qu’ils soient, devront être entretenus avec le temps. Aucun ouvrage ne pourra être permanent face à ces défis climatiques. »
Enfin, le ministère de la Sécurité publique rappelle que le Programme de soutien financier pour l’atténuation des risques de sinistres peut accorder une aide pouvant atteindre 325 000 $ aux riverains touchés.
Pour beaucoup, les impacts des changements climatiques sont déjà bien visibles. « J’ai été ému d’apprendre que le fleuve ne gèlera plus d’ici 30 ans. Les impacts sont réels, et il est crucial de prendre ça en considération », a confié un citoyen en conclusion de la rencontre.