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Protection du caribou : Le Québec doit passer en mode solution, selon la commission

Publié le 22 août 2022 à 17:13, modifié le 22 août 2022 à 17:56

Par: Jérôme Gagnon

La Commission indépendante sur les caribous forestiers et montagnards a rendu public son rapport lundi. 35 recommandations y sont présentées afin de préserver l’espèce emblématique. Le comité indépendant presse Québec à agir.

«La Commission constate […] que malgré les efforts déjà déployés […] il y a urgence d’agir», peut-on lire dans le document déposé auprès du Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP).La Commission, mise sur pied en novembre 2021, souligne que le gouvernement «est conscient, depuis plus d’une vingtaine d’années», des problèmes qui affectent le cervidé.

«Le temps a déjà hypothéqué lourdement la situation et nous risquons de franchir un point de non-retour», peut-on également lire.

Elle recommande notamment à Québec d’accélérer les travaux de fermeture de chemins forestiers et leur renaturalisation, ainsi que de compenser les pertes d’emplois qui pourront découler de la réduction de coupes de bois.

Au total, la Commission a soumis 35 recommandations au MFFP à la suite de consultations publiques tenues dès l’hiver 2022 dans sept villes et six régions du Québec.

«Les derniers mois nous ont prouvé que l’enjeu du caribou divise la population. Un large consensus se dégage quant à l’importance de préserver les populations de caribous, mais les moyens pour y arriver diffèrent», a expliqué Nancy Gélinas, présidente de la Commission.

Le MFFP a assuré dans un communiqué être «déjà à pied d’œuvre pour évaluer les recommandations» du rapport.

Dans nos régions

Pour la population de caribou de la Gaspésie, cinq recommandations distingues sont soulevés par la commission.  L’instauration d’un moratoire sur les coupes de bois prévues à l’intérieur de l’aire de répartition et interdire définitivement les coupes en altitude  est l’une d’entre-elle.

« L’idée, c’est de protéger les opportunités, les perspectives futurs avant de prendre une décision.  Il y a déjà en place le parc qui a été créée pour sa protection, mais il y a eu quand même une diminution donc il y a quelque chose qui se passe là. Pour faire mieux, il faut faire différemment et il y a des propositions entre autres d’aires protéger au Vallières de saint-réal », explique la présidente, Mme Gélinas.

Dans Charlevoix, on suggère de réviser le scénario à l’étude pour viser, sur une longue période, le rétablissement d’une zone de bonne interconnectivité entre le Parc national des Grands Jardins, le Parc national de la Jacques-Cartier et le parc des Hautes-Gorges de la Rivière Malbaie et, le cas échéant, laire protégée Yanienhonhndeh.

« C’est de s’assurer que ça ne soit pas des zones isolées dans le territoire, mais qu’ils soient connectés entre elles pour permettre le déplacement des caribous. Ça ne veut pas dire de cesser  les activités forestières », précise-t-elle.

Québec prend des mesures supplémentaires

Le gouvernement du Québec a d’ailleurs annoncé lundi matin vouloir «prendre des mesures additionnelles» pour protéger l’espèce.

Dans un communiqué conjoint publié lundi, les gouvernements du Canada et du Québec estiment avoir fait des «progrès» dans leurs discussions sur la protection du caribou boréal et se disent «confiants de parvenir à une entente» visant le maintien, la protection et le rétablissement du caribou sur le territoire québécois.

Rappelons qu’au printemps, le ministre fédéral de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, avait lancé un ultimatum à Québec pour obliger la province à prendre des engagements avant la fin de l’été.

Ainsi, le gouvernement québécois s’est engagé à «prendre des mesures additionnelles importantes», qui visent notamment à réduire de 35 % le taux de perturbation de l’habitat du caribou forestier et montagnard de la Gaspésie dans chacune de leurs aires de répartition.

Pour ce faire, Québec entend utiliser les outils à sa disposition pour la protection du territoire, notamment les habitats fauniques légaux, les refuges biologiques, les protections administratives et le démantèlement de chemins forestiers.

Le gouvernement provincial a également réitéré son engagement à publier sa stratégie finale sur le caribou forestier et montagnard d’ici la fin du mois de juin 2023.

«Ce sont autant de gestes concrets et porteurs de résultats significatifs qui trouveront écho dans la stratégie pour les caribous forestiers et montagnards attendue l’an prochain», a affirmé le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs et ministre responsable de la région de l’Abitibi-Témiscamingue et de la région du Nord-du-Québec, Pierre Dufour.

Les deux parties ont précisé que les «discussions se poursuivent» pour convenir de la façon dont le gouvernement du Canada appuiera financièrement le plan du Québec.

Toujours pas «d’action concrète»

La Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec) estime toutefois qu’il n’y a «aucune avancée» et déplore «l’absence d’action concrète».

«La protection urgente des 35 000 km2 de secteurs prioritaires de l’habitat du caribou doit demeurer la priorité des gouvernements», a indiqué la SNAP Québec qui salue toutefois «la volonté des deux gouvernements de travailler ensemble pour trouver des solutions».

La SNAP Québec a également rappelé que les Innus de Pessamit ont proposé au gouvernement un projet d’aire protégée dans le secteur de Pipmuakan pour endiguer le déclin du caribou forestier.

Rappelons que le caribou boréal figure sur la liste des espèces menacées de la Loi sur les espèces en péril du Canada depuis 2003 et sur la liste des espèces vulnérables au Québec depuis 2005.

Avec la collaboration de Jérôme Gagnon