Projet-pilote: le palais de justice de Carleton-sur-Mer entendra des causes criminelles de Listuguj
Publié le 14 février 2025 à 07:28, modifié le 14 février 2025 à 07:28
Par: Patrick Giguère

Des causes criminelles seront entendues dès la fin du mois de février au palais de justice de Carleton-sur-Mer. Il s’agit d’un projet-pilote qui a pour but de ra-rapprocher les personnes judiciables de Listuguj au système de justice.
Dès le 27 février, les personnes accusées, témoins et civils de Listuguj comparaitront, sauf pour des cas particuliers, directement à partir du palais de justice de Carleton-sur-Mer.
« Présentement ce que leur demande c’est énorme. On leur demande de quitter Listuguj pour faire une heure quarante-cinq de route pour aller au palais de justice parfois pour une simple comparution qui va durer cinq minutes », indique Me Alexis Deschênes, bâtonnier du Bas-Saint-Laurent-Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine.
Dès le 27 février, les personnes accusées, témoins et civils de Listuguj comparaitront, sauf pour des cas particuliers, dorénavant à partir du palais de justice de Carleton-sur-Mer.
« Ce qui est vraiment beau dans ce projet c’est qu’on avait une dizaine d’intervenants du monde judicaire; autant des juges, des avocats de la défense, des procureurs de la Couronne, le service correctionnel, les greffes des palais de justice et l’aide aux victimes. Tout ce monde-là à travailler ensemble de bonne foi pour trouver une façon que ça fonctionne » se réjouit l’avocat.
Le projet-pilote consiste à déplacer deux jours de cour criminelle du palais de justice de New Carlisle à celui de la MRC d’Avignon.
À l’heure actuelle, ce sont majoritairement des affaires en matière de protection de la jeunesse et des petites créances qui sont entendues à Carleton-sur-Mer.
« C’est une bonne nouvelle pour les gens qu’on puisse débuter des journées de procès ou de cour criminelle au palais de justice de Carleton. (…) Je trouve ça intéressant. Nous au CAVAC, on a déjà un local-là donc on va pouvoir accueillir les gens convenablement. Je pense que c’est du positif pour tout le monde ce projet-là », enchaîne le directeur du Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC), Harry Babin.
« Parfois ce sont des gens qui ont peu de moyens, qui n’ont pas de voiture, ça arrive souvent. Le transport en commun ce n’est pas toujours adéquat donc il faut organiser les choses », précise Me Deschênes.
Selon le bâtonnier de la région, plusieurs facteurs ont penché pour la communauté autochtone.
« Listuguj c’est une communauté où il y a beaucoup de gens vulnérables et de deux ils ont leur propre service de police, donc c’était facile d’identifier les dossiers de Listuguj. On s’apercevait en faisant nos statistiques qu’environ 20% des dossiers en matière criminelle à New Carlisle proviennent de Listuguj», fait savoir l’avocat.
Il faudra apporter certaines modifications dans la salle et les cellules pour que les personnes détenues puissent se présenter devant un juge.
« On va faire des demandes pour la mettre aux normes éventuellement pour améliorer certaines choses. Pour le moment, ce qu’on ne peut pas faire, ce sont les dossiers où les personnes sont déjà détenues à la prison de New Carlisle. »
Pour souligner ce moment, une cérémonie aux couleurs des Premières nations est prévue le 27 février prochain.
« Ça va être une journée touchante et magnifique parce qu’il va y avoir des gens de la communauté de Listuguj qui vont venir ici. Il va y avoir des prières en mi’gmaw et ils vont brûler de la sauge. Ensemble, on va pouvoir célébrer ce moment où on leur a tendu la main », termine Me Alexis Deschênes.
Si les prochains mois sont concluants, il n’est pas impossible que les affaires criminelles d’autres municipalités de l’ouest du territoire puissent procéder au palais de justice de Carleton-sur-Mer plutôt qu’à celui de New Carlisle.