Moule zébrée : partager l’expertise entre régions
Publié le 27 juin 2023 à 10:09, modifié le 27 juin 2023 à 11:01
Par: CIMTCHAU
Un si petit mollusque peut pourtant avoir de très grands impacts sur nos plans d’eau. La moule zébrée fait jaser depuis l’automne au Bas-Saint-Laurent, mais en Estrie, elle prolifère depuis plusieurs années déjà.
Le lac Memphrémagog mesure 45 kilomètres de long, tout comme le lac Témiscouata. Et de la même manière, des populations adultes de moules zébrées ont été identifiées dans les deux plans d’eau. La différence, c’est qu’au lac Memphrémagog, en Estrie, la découverte remonte à 2018.
Ariane Orjikh est biologiste et directrice générale chez Memphrémagog Conservation. Elle a observé la croissance exponentielle des populations de moules. « En 2021, par exemple, on en avait trouvé seulement une quarantaine sur la prise d’eau de Magog, sur le grillage à l’entrée. Et, quand on est retournée en 2022, il y en avait plus de 10 000 », explique-t-elle.
« La moule zébrée est en train de faire des gros changements au lac Memphrémagog. C’est vraiment impressionnant de voir du 8000 moules zébrées par mètre carré. On ne veut pas ça dans aucun plan d’eau », poursuit-elle.
L’organisme a pourtant agi rapidement à la suite de la découverte de l’envahisseur. Mais une fois qu’une colonie adulte est établie dans un plan d’eau, il est pratiquement impossible de la déloger. Les actions de contrôle prises par Memphrémagog Conservation n’ont finalement pas permis de limiter sa propagation.
Une possibilité de contrôle?
Si le mollusque continue de proliférer librement au lac Memphrémagog, dans le lac voisin, on tente de le garder sous contrôle.
Dès que la moule zébrée a été identifiée dans la région, le lac Massawippi mettait en place un système de détection précoce. Des petits réceptacles appelés substrats collecteurs ont été installés chez des résidents. Propices à l’installation des moules, ils permettent d’évaluer leur implantation.
Résultat : Bleu Massawippi a trouvé une population encore jeune, 4 ans après le Memphrémagog. « On est le seul lac au Québec qui est aux prises avec la moule, à un moment assez tôt pour penser qu’on puisse intervenir sur sa capacité de se reproduire », explique la directrice générale de l’organisme de protection, Sophie Payeur.
Un projet de contrôle ambitieux est en cours : des plongées de retrait ont lieu 3 à 4 fois par jour, presque tous les jours. Des dizaines de milliers de moules seront retirées cet été. Selon Sophie Payeur, le seul moyen de se débarrasser de la moule, c’est de plonger, et de la retirer manuellement.
Si Bleu Massawippi parvient à contrôler sa population de moules zébrées, les plongées de retrait devront se poursuivre, mais à moins grande fréquence.