Monteur de lignes décédé dans un pylône : le malheur s’acharne sur une famille de Charlevoix
Publié le 23 décembre 2024 à 11:03, modifié le 23 décembre 2024 à 11:05
Par: TVA Nouvelles

Une famille de Charlevoix est atterrée depuis le décès tragique d’un monteur de lignes sur un chantier à Sainte-Praxède, dans Chaudière-Appalaches, le 5 décembre dernier. Ce métier «passionnant mais éprouvant» a fait une deuxième victime en six ans dans leur clan.
Les informations de Vincent Desbiens, Journal de Québec
«On est tous complètement assommés. La fin de semaine derrière était extrêmement difficile avec les funérailles. On a l’impression de revivre le même mauvais film… Pourquoi est-ce que ça arrive encore chez nous?» se demande Félix Tremblay, le beau-frère de Jacky Desbiens, décédé au début du mois à 56 ans, et cousin de Daniel Carré, un autre monteur de lignes mort au travail en 2018.
Comme son meilleur ami décédé six ans auparavant, Jacky Desbiens travaillait en hauteur sur le montage d’un pylône électrique de GLR inc., un sous-traitant d’Hydro-Québec, lorsque le malheur a frappé. D’après ses proches, dont un qui était sur le chantier, une poulie de métal de plus de 1000 lb lui est tombée dessus en raison d’un problème technique, ne lui laissant aucune chance de survie.
«Mon conjoint travaille pour la même compagnie. Il m’a dit que Jacky est le gars le plus prudent qu’il connaît et qu’il n’a pas été téméraire. Il ne faisait pas beau et il n’a jamais vu arriver la pièce. C’est une malchance épouvantable», déplore Lucie Carré, une amie de très longue date du cinquantenaire qui a perdu la vie.
Frustration
La résidente de La Malbaie a été brusquement replongée dans le même genre de deuil que lorsque son frère, Daniel, a fait une chute de plus de 40 m depuis le haut d’un pylône en raison de trois défaillances techniques et d’une erreur humaine en mars 2018.
La CNESST a confirmé que l’entreprise a effectué les correctifs nécessaires afin d’améliorer la sécurité de ses monteurs de lignes depuis la mort de Daniel Carré. Malgré tout, la colère se mélange à la peine d’avoir perdu un deuxième être cher pour la famille.
«Mon père était monteur de lignes dans les années 1970-1980, et les méthodes sont pratiquement les mêmes en 2024, peste Félix Tremblay, lui-même contremaître pour une entreprise de télécommunications. Aux États-Unis, ils travaillent avec des hélicoptères et des grues. Au Québec, on grimpe encore dans les structures, parce que ça coûte moins cher.
«Un vrai bon gars»
Le frère de la femme de Jacky Desbiens confie n’avoir jamais vu autant de personnes rassemblées à Petit-Saguenay que pour les funérailles, samedi dernier. Le défunt a même eu droit à de longs applaudissements à l’église.
«C’était un bon vivant qui était très impliqué dans la communauté. Un gars rassembleur qui invitait tout le monde à venir à son érablière, son projet de retraite», raconte M. Tremblay, qui avoue avoir de la difficulté à conjuguer à l’imparfait lorsqu’il est question de son beau-frère.
«On est tous fins quand on meurt, mais lui, c’était un vrai bon gars. Son plus grand bonheur, c’était d’être devenu grand-père dans les dernières années. Il était tellement fier de ses petits-enfants», conclut Lucie Carré au sujet de son grand ami passionné de chasse et de pêche.
Accidents et décès chez les travailleurs du réseau électrique
- 4 décès entre 2019 et 2023
Travailleurs victimes d’un accident non électrique (frappés par un objet; réaction du corps; effort excessif; exposition au bruit; chutes)
- 2019: 272
- 2020: 329
- 2021: 446
- 2022: 437
- 2023: 414
Travailleurs victimes d’une électrocution ou d’une électrisation
- 2019: 3
- 2020: 2
- 2021: 5
- 2022: 9
- 2023: 7
*Source: CNESST (Les données comprennent les électriciens de réseau électrique, les monteurs de lignes électriques et les installateurs de matériel de télécommunications.)