L’urgence de Trois-Pistoles menacée de fermeture la nuit : une décision qui inquiète
Publié le 31 janvier 2025 à 17:17, modifié le 31 janvier 2025 à 17:19
Par: Ariane Boyer
L’urgence de Trois-Pistoles pourrait fermer ses portes la nuit. L’information, partagée sur les réseaux sociaux par des employés du CISSS du Bas-Saint-Laurent, suscite une vague de réactions et d’inquiétude dans la population.
Un système de santé sous pression
Le réseau de la santé au Québec est en crise. Le gouvernement doit combler un déficit de 1,5 milliard de dollars, et les compressions risquent d’être sévères. Parmi les mesures envisagées : la fermeture de nuit de l’urgence de Trois-Pistoles, la seule sur un territoire de plus de 1 000 kilomètres carrés dans la MRC des Basques.
Pour le préfet Bertin Denis, cette décision pourrait avoir des conséquences dramatiques.
« C’est en décès qu’on va compter les effets de cela, si ça se réalise comme la rumeur veut le dire », affirme-t-il.
Une rumeur qui se confirme
Selon le médecin Maxime Martin, qui pratique à l’urgence de Trois-Pistoles, le personnel hospitalier a appris la nouvelle lors d’une rencontre avec le CISSS du Bas-Saint-Laurent. La fermeture de 20 h le soir à 8 h le matin est bel et bien envisagée.
Cette mesure s’inscrit dans un plan de redressement budgétaire imposé par le gouvernement du Québec. Ce plan devait être soumis à Santé Québec aujourd’hui.
Des citoyens inquiets et en colère
« Le CISSS pourrait décider de fermer l’urgence la nuit ? Je n’aime pas ça ! » exprime un citoyen.
« Quand j’ai vu ça hier sur les réseaux sociaux, ça nous a rentrés dedans », témoigne une autre.
La Ville de Trois-Pistoles se dit préoccupée par l’impact d’une telle fermeture.
« Cette réduction des heures de service pourrait avoir des conséquences graves sur le plan sanitaire, social, économique et démographique. »
Un accès aux soins encore plus difficile
La MRC des Basques compte l’une des populations les plus vieillissantes du Québec. Une fermeture nocturne de l’urgence compliquerait encore davantage l’accès aux soins.
« Si c’est le seul service qu’on a dans le coin et qu’il ferme, après ça, c’est Rivière-du-Loup ou Rimouski… », s’indigne une résidente.
Bertin Denis craint que des patients retardent leur prise en charge en raison de la distance.
« Les gens malades en pleine nuit vont attendre au lendemain matin pour aller à l’urgence de Trois-Pistoles », déplore-t-il.
Une réponse floue du gouvernement
Face à la pression, la députée Amélie Dionne affirme être consciente des préoccupations.
« Je comprends l’inquiétude des citoyens et du personnel de la santé en ce moment, mais, à ce jour, aucune décision n’a été prise. »
Elle rappelle toutefois que tous les établissements de santé du Québec doivent trouver des solutions budgétaires.
« Comme partout au Québec, le CISSS du Bas-Saint-Laurent doit prendre des mesures pour retrouver un équilibre budgétaire, tout en minimisant les impacts sur les services. »
Mais sur le terrain, la confiance des citoyens s’effrite.
« Ils coupent partout ! » lance un citoyen en riant jaune.
« Et le pire pourrait arriver…? On sait que chaque seconde compte pour stabiliser un patient », rappelle un autre.
« Les planètes s’alignent pour un espèce de génocide », s’inquiète Bertin Denis.
Une mobilisation en cours
Une pétition pourrait être lancée, en plus de démarches auprès des élus pour maintenir les services à l’hôpital de Trois-Pistoles. Mais plusieurs craignent que ce ne soit que le début de la fin.
« C’est ce qui va arriver, ils vont finir par fermer au complet, comme ailleurs… », craint une citoyene.
Dans une déclaration écrite, le CISSS du Bas-Saint-Laurent a indiqué que
« Tous les CISSS et CIUSSS doivent déposer aujourd’hui à Santé Québec leur plan de retour à l’équilibre budgétaire. Dans ce contexte, nous ne commenterons pas ce plan tant qu’il n’aura pas été approuvé par Santé Québec. »