L’Islet face aux menaces tarifaires de Donald Trump
Publié le 15 janvier 2025 à 17:56, modifié le 15 janvier 2025 à 17:57
Par: Ariane Boyer
Les manufacturiers québécois sont en état d’alerte face aux menaces tarifaires du président élu Donald Trump. Dans des régions comme L’Islet, un important centre manufacturier, l’incertitude règne. Plusieurs entreprises de la région, qui exportent massivement leurs produits aux États-Unis, redoutent les répercussions d’une taxe de 25 % que Trump veut imposer dès son entrée en fonction le 20 janvier.
Une région vulnérable
L’Islet abrite plusieurs grandes entreprises manufacturières, notamment Ouellet Canada, Fonderie Poitras et Amisco. Parmi elles, Umano Medical, leader dans le marché des lits d’hôpital au Québec, voit la moitié de ses exportations traverser la frontière. Ghislain Demers, vice-président d’Umano Medical, exprime ses inquiétudes : « Clairement, pour le milieu, ça serait dramatique. »
Depuis des décennies, les produits médicaux circulent librement entre le Canada et les États-Unis sans taxes. Demers rappelle : « Au cours des 40 dernières années, il n’y a eu aucune taxe qui affecte les produits médicaux d’un bord ou de l’autre. Le Canada importe nettement plus de produits médicaux des États-Unis qu’il n’en exporte. »
Pour Umano Medical, un tarif imposé par les États-Unis aurait des conséquences « C’est sûr qu’on va avoir besoin d’aide, autant du fédéral que du provincial, parce que peu importe la taxe qui arrive, ça va nous affecter d’une manière très négative », ajoute Demers.
Vers une délocalisation?
Le député conservateur Bernard Généreu, partage ces préoccupations. Il affirme que plusieurs entreprises réfléchissent à délocaliser leur production au sud de la frontière. « Les entreprises regardent pour délocaliser leur production parce que c’est plus favorable de faire des affaires aux États-Unis actuellement. Il y a aussi plus de main-d’œuvre disponible », explique-t-il.
Cette option est aussi à l’étude chez Umano Medical. Ghislain Demers précise toutefois que la délocalisation n’a pas pour objectif de supprimer des emplois au Québec : « On ne pourra pas supporter l’usine de 1 000 employés à L’Islet. Ce n’est pas soutenable avec le bassin de main-d’œuvre. Nous, on s’est quand même dit que la prochaine usine qu’on va construire serait aux États-Unis. Ce n’est pas dans un but de délocaliser des emplois, mais vraiment de continuer notre progression. »
Attente et incertitude
Alors que l’inquiétude grandit, le premier ministre François Legault a déclaré qu’il attendrait des gestes concrets des États-Unis avant de réagir. Pendant ce temps, Ghislain Demers attent avec appréhension l’entrée en fonction de Donald Trump. Son souhait : que les produits médicaux soient épargnés. « On a quand même bon espoir que ça soit un grand nuage de fumée et qu’au final, on ait plus de peur que de mal. Mais encore là, il n’y a aucune garantie. On suit ça de très près chaque jour », conclut-il.