Mon topo Les urgences de Maria désuètes et dysfonctionnelles
Publié le 6 septembre 2023 à 18:00, modifié le 7 septembre 2023 à 16:25
Par: Louis-Philippe Morin
La Dre Sophie-Geneviève Gagnon, qui veut faire avancer le dossier de la rénovation des lieux, nous a lancé une invitation pour visiter les lieux. Déjà en 2010, le ministre de la Santé de l’époque, Yves Bolduc, en visite dans la région déclare que l’urgence de Maria est désuète et vétuste… qu’il faut procéder, rénover et construire une nouvelle urgence. Même son de cloche lors du passage de François Legault en 2020 qui déclare que l’urgence est non seulement vétuste, mais dysfonctionnelle. 13 ans plus tard, on attend toujours le début des travaux.
Sans climatisation, humide et exiguë, l’urgence de Maria est, en terme médical, en fin de vie. Construite selon les normes d’il y a plus de 30 ans, l’endroit offre trop peu d’intimité aux patients sur civière.
« C’est un patient qui était en soins palliatifs, qui savait qu’il était dans les derniers moments de sa vie. Il a été gardé presque 48 heures sur une civière à l’urgence. Vraiment au bout du corridor où tout le monde passe devant lui pour aller à la cafétéria… Où tout le monde passe devant lui pour aller à leur rendez-vous en radiologie. Il est décédé une semaine plus tard. Il a passé deux jours de sa dernière semaine de vie dans le corridor, à la vue de tout le monde qui entre à l’hôpital. Ce n’est pas humain. », lance la cheffe des urgences de Maria, Sophie-Geneviève Gagnon.
Si l’endroit vieillit, il n’accueille pas moins de patients… Et la plupart passent par l’urgence. La promiscuité et l’exiguïté des lieux finissent par user les patients. Ici, la confidentialité est complètement bafouée.
« On peut questionner un patient sur un côté très personnel de sa vie… Et il y a neuf personnes qui entendent tout. Il n’y a aucune confidentialité. Ce n’est plus acceptable en 2023, des milieux comme ça. », déplore la médecin.
Afin de recevoir un nombre grandissant de patients, on a agrandi par en dedans. Des solutions temporaires sont devenues permanentes. Lors de notre visite, la docteure Gagnon nous fait visiter une salle où sont installées 3 civières…
« C’était un ancien bureau pour l’ORL, qu’on a changé en court séjour, si on peut dire… Parce que la réalité c’est que les gens restent plus de 24 heures à l’urgence… Ils n’ont pas de salle de bain et pas de douche. », déplore madame Gagnon.
Initialement, l’urgence avait été construite pour 10 civières. Mais, dans la réalité, il n’est pas rare de voir 20 à 23 civières occupées en même temps, parfois très loin du poste des infirmières et, surtout, à la vue de tous.
L’hôpital de Maria vieillit lentement alors que les urgences de Ste-Anne-des-Monts et de Gaspé ont été rénovées récemment. L’urgence du centre hospitalier de Maria attend sa cure de rajeunissement pour le mieux-être des patients.
