Les crevettiers du Golfe s’unissent pour interpeller Ottawa
Publié le 29 mai 2020 à 16:15, modifié le 1 juin 2020 à 09:12
Par: CIMTCHAU
La saison de la pêche à la crevette a été lancée le 1er avril dernier, mais la quasi-totalité des pêcheurs n’a toujours pas pris la mer. La pandémie de la COVID-19 a affecté la demande de ce fruit de mer et les crevettiers du Golfe ont décidé de s’unir pour interpeller Ottawa.
Une coalition interprovinciale regroupant trois provinces et six communautés autochtones vient d’être mise sur pied pour sauver la saison de la crevette, du jamais vu dans le domaine. La problématique est la suivante, les prix proposés par les transformateurs sont en baisse. Les inventaires des usines sont encore bien garnis de la récolte de 2019, puisque le marché international est fermé depuis quelques mois.
«On ne peut pas en tant qu’entreprise opérer sortir en mer et laisser à chaque voyage quatre ou cinq mille dollars en pertes financières », a expliqué d’entrée de jeu le chef conseiller à la Première nation Wolastoqiyik Wahsipekuk Pierre Jenniss.
«Opérer un bateau de crevettes, sans la pêche, ça coûte environ 200 000$ dès le départ. C’est énormément de sous qu’on doit pouvoir générer. Il faut avoir des mesures qui permettent à la pêche de se réaliser», a raconté le directeur général de la Fédération régionale acadienne des pêcheurs professionnels du Nouveau-Brunswick, Jean Lanteigne.
Il faut dire que 85% de la crevette nordique est normalement exporté. C’est pourquoi la coalition somme autant les instances provinciales que fédérales de lancer rapidement des campagnes publicitaires pour faire découvrir leur produit aux Canadiens.
«80% de la crevette qu’on consomme au Canada vient de l’exportation. C’est une triste réalité», a ajouté Jean Lanteigne.
Le programme d’aide aux pêcheurs annoncé par Ottawa à la mi-mai ne touche pas la totalité des crevettiers. Ces derniers ont envoyé une liste de mesures de soutien au fédéral pour assurer leur survie. Par exemple, éliminer les coûts de permis de pêche et ajuster les programmes d’aide pour les rendre accessibles aux communautés autochtones. Ils exigent aussi que les critères d’assurance-emploi aux travailleurs saisonniers soient modifiés avec la courte saison de prévue. L’option de tout simplement annulé la saison 2020 commence même à être étudié.
«La semaine dernière, le fédéral nous a clairement révélé qu’il n’avait pas de projets ou programmes qui étaient applicables s’il n’y avait pas de pêche. Avec la situation actuelle, ça laisse présager que c’est une possibilité réelle», a ajouté M. Jenniss.
La coalition exige une rencontre urgente avec la ministre des Pêches Bernadette Jordan pour faire le point. 3000 emplois sont en péril et plusieurs communautés dépendent de cette industrie.