Une lettre adressée aux élus de la région et signée de la main du pdg de Keolis Canada estime que les coupures de services pourraient mener à l’abandon total des différentes navettes qui permettent aux Gaspésiens d’entrer et de sortir de la région. Il met la balle dans le camp du gouvernement.

Seul moyen de transport interurbain, mise à part la voiture, l’autobus qu’on croise régulièrement sur les routes de la région pourrait bientôt disparaître du portrait gaspésien. Éric Dubé, préfet de la MRC de Bonaventure s’inquiète:

«C’est le seul moyen de transport interurbain qui nous reste. On sait que c’est difficile. L’avion c’est compliqué… on a travaillé là-dessus dans les derniers mois. On sait que le transport ferroviaire, le transport par passagers, ça fait plus de 7 ans qu’il n’est plus disponible.»

La lettre ne fait pas mention d’une coupure complète des services, souligne monsieur Dubé. Mais des questionnements sont au cœur des discussions politiques.

«Qu’est-ce que Keolis propose? Nous, dans les dernières années, le transport est un enjeu pour la région. On avait fait des démarches pour essayer d’améliorer le transport interurbain.»

Pour les passagers, régulier ou pas, il est à se demander s’ils ne devront pas trouver une alternative. Michel Poirier, propriétaire du restaurant le Héron est à même de constater que la clientèle diminue.

«Ben, il y a presque pas de monde sur l’autobus. Il y en a quelques-uns. Comme aujourd’hui, ils en ont 12 sur le trajet jusqu’à Montréal!»

Nous avons tenté de joindre Keolis Canada qui affirme vouloir s’adresser à la classe politique avant toute chose… Par contre, le silence et la non-réaction de la ministre responsable de la région, Marie-Eve Proulx, inquiètent l’opposition… et Sylvain Roy, député de Bonaventure, en premier:

«Y’a des gens qui ont besoin de se faire soigner à l’extérieur de nos régions… je trouve ça, inacceptable que la ministre régionale ne s’implique pas et qu’elle ne dise pas un mot..»

Si le transport de passagers en autobus diminue, une courte vérification auprès des différents points de services d’Orléans Express nous permet d’apprendre que la livraison de colis connaît une hausse impressionnante.

Si Keolis attend toujours des nouvelles du gouvernement pour continuer son offre de services, le transport régional, assuré par le RÉGIM, lui, va très bien comme le souligne Marie-Andrée Pichette directrice générale de l’organisme:

«La régie, en soit, s’en sort très bien par son indépendance, par sa source de financement qui est la taxe sur l’essence… qui nous permet de survivre à des événements de cette envergure-là.»

Comme chez Keolis, la RÉGIM doit s’adapter à la situation actuelle. Aucune coupure de services n’est par contre prévue.

«C’est sûr que, comme tout le monde, on vit des coups durs au niveau de l’achalandage. Les demandes de Keolis ont un fondement du fait que la façon de se déplacer des gens a énormément changé.» assure madame Pichette.

En attendant les réactions politiques, l’autobus pourrait bien s’éloigner pour toujours du paysage gaspésien si rien n’est fait rapidement… comme le train de passagers et les dessertes en avion.