Le 24 avril dernier, l’eau du lac, autrefois claire, a changé d’apparence. Selon plusieurs citoyens, c’est du jamais vu.

« Je suis arrivé ici, je ne savais pas ce qui se passait. Parce que je n’ai jamais vu l’eau comme cela en sept ans », dit Pierre Bérubé, un riverain.

La clarté de l’eau serait passée de huit pieds… à seulement six pouces. Aujourd’hui encore, on ne voit plus le fond du lac. En tout, 72 résidences seraient touchées.

Un ruisseau, une pente… et des questions

Les travaux forestiers ont eu lieu à proximité d’un ruisseau, en pente, qui mène directement au lac. À la fin avril, après de fortes pluies, les sédiments auraient dévalé jusque dans le plan d’eau. Les résidents sont en colère.

« Qu’est-ce que les gens disent autour du lac? J’aimerais mieux pas le répéter. Pourquoi? Parce qu’ils sont en beau câlice », lance Denis Lévesque, président de l’Association des propriétaires du lac Saint-Pierre.

Pour lui, le vrai problème, c’est le manque de rigueur du ministère de l’Environnement. Il reproche au gouvernement d’avoir donné le feu vert aux travaux sans assez de précautions.

« Ils ont été bûcher au printemps dans une côte. Je ne mets pas la faute sur le Groupement forestier s’ils ont respecté la loi. Mais il y a quelqu’un, quelque part, qui n’a pas fait sa job », dit-il.

Le Groupement forestier se défend

Le Groupement forestier du Grand-Portage affirme avoir réagi dès qu’il a été informé du problème : ensemencement, stabilisation des sols, ajout de paille dans les zones à risque… L’organisation attend maintenant le feu vert du ministère pour continuer son plan de restauration.

« Malgré qu’on a respecté les normes, qu’on a fait les choses du mieux qu’on peut, on veut les accompagner », affirme David Chouinard, président du Groupement.

Un coup dur pour ceux qui aiment leur lac

Les riverains ne cachent pas leur découragement. Depuis des années, ils s’étaient mobilisés pour garder leur lac propre.

« Il y a beaucoup de résidents qui nous ont aidés. On a nettoyé les ruisseaux, les ponceaux, on a fait beaucoup d’ouvrages. L’an passé, on avait repris le dessus. Mais là, c’est tout à recommencer », dit Denis Lévesque.

À qui revient la responsabilité?

Mais une question persiste : à qui la faute? Au Groupement forestier, si les risques liés à la pente ont été mal évalués ou si les mesures de contrôle étaient insuffisantes? Ou au ministère de l’Environnement, s’il a autorisé les travaux sans exiger d’adaptations au relief… ni effectué de suivi sur le terrain?

Le ministère, contacté par notre équipe, n’a pas pu répondre dans un délai de 24 heures. Le dossier est encore à l’étude. Entre-temps, Denis Lévesque a interpellé les députés Mathieu Rivest et Bernard Généreux.

Contrairement au lac, le souhait de Denis Lévesque est clair : que le plan d’eau soit nettoyé.

« Si l’homme va sur la lune, viens pas me dire qu’ils sont pas capables de nettoyer un lac », conclut-il.