Le Cénacle de Cacouna : un lieu de prière qui suscite des questions
Publié le 18 décembre 2024 à 18:10, modifié le 23 décembre 2024 à 09:58
Par: Ariane Boyer
À Cacouna, le Cénacle, une grande maison blanche qui surplombe le fleuve, intrigue. Depuis 40 ans, ce lieu accueille des retraites spirituelles appelées Agapèthérapie. Ces sessions, centrées sur la prière et le silence, proposent aux participants une guérison intérieure par le Seigneur.
Sœur Yolande, ancienne dirigeante aujourd’hui décédée, déclarait dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux : « On n’exagère sûrement pas en disant qu’il y a 150 à 200 cancers qui ont disparu ici. » Sœur Rose-Hélène Poitras, coordonnatrice d’Agapèthérapie, renchérit : « Les gens qui marchaient avec des cannes ou des béquilles ont laissé leurs aides derrière eux. »
Ces affirmations attirent des visiteurs du monde entier, désireux de participer à cette expérience unique, décrite comme une thérapie par l’amour divin. Les retraites proposent aux participants une profonde introspection de leur existence, remontant jusqu’à leur période fœtale, dans un environnement propice au recueillement.
Entre foi et prudence
Le Dr Jean-François de La Sablonnière, psychiatre, met en garde : « Il faut y aller avec beaucoup de nuances, parce que la spiritualité est précieuse pour les êtres humains. Elle peut les aider à grandir, mais aussi les rendre vulnérables dans certains contextes, où ils risquent de s’accrocher à peu près à n’importe quoi. »
Deux signalements liés au Cénacle
Notre équipe a contacté l’organisme Info-Secte, qui a confirmé l’existence de deux appel concernant l’institution relieuse : un appel en 2007 pour comportement jugé sectaire et un autre en 2016, liée à une demande d’information sur l’organisation.
Clermont Michaud, un ancien participant, rapporte : « Deux personnes d’origine ethnique différente se sont mises à adopter un comportement étrange, un peu plus erratique, ce qu’on appelle faire le bacon. »
Une adaptation à l’air du temps
L’organisation semble vouloir évoluer. Elle reconnaît désormais la valeur d’une aide psychologique professionnelle. Son livret d’accompagnement a également été actualisé pour refléter une approche plus inclusive, retirant certains passages controversés, notamment sur l’homosexualité.
Sœur Rose-Hélène Poitras confirme : « On a enlevé ce passage-là. On n’en parle plus. Si une personne aborde le sujet dans son accompagnement, c’est son choix. »
Un refuge pour certains
Malgré les controverses, plusieurs témoignages louent les bienfaits de ce lieu. Clermont Michaud souligne : « Il y a une énergie positive qui se dégage des retraites. Elle s’accumule au fil des participants venus chercher un mieux-être. Cette énergie n’est pas tangible, ça ne s’explique pas … »
Le Dr Jean-François de La Sablonnière plaide pour une approche intégrée, où spiritualité et soins psychologiques peuvent se compléter, selon les besoins de la personne : « Tous les outils : biologiques, psychologiques, sociaux et spirituels peuvent être mobilisés pour répondre aux besoins des personnes. Travaillons ensemble, au lieu de nous opposer. »