La ZEC Bonaventure veut protéger sa ressource
Publié le 6 mai 2019 à 16:40, modifié le 6 mai 2019 à 16:40
Par: CIMTCHAU
La zone d’exploitation contrôlée (ZEC) de la rivière Bonaventure prend les grands moyens pour assurer la pérennité de sa ressource. Les membres ont voté à l’unanimité pour que le prélèvement des grands saumons soit interdit, pour toute la saison de pêche, à partir de 2020.
Depuis plusieurs années, la population de celui que l’on appelle le Roi des rivières est en déclin. Et la rivière Bonaventure n’y fait pas exception. Devant ce constat, les exploitants de la populaire rivière ont décidé de prendre les grands moyens pour protéger l’espèce.
« Dorénavant, à partir de 2020, si le ministère accepte, on serait en remise à l’eau des grands saumons durant toute la saison sur la rivière Bonaventure », lance le directeur général de la ZEC Bonaventure, Ronald Cormier.
Chaque année, un décompte du nombre de saumons qui ont remonté la rivière est fait à la mi-saison. Si ce nombre était suffisant, le prélèvement était autorisé.
« On avait toujours un mécanisme qui nous permettait de peut-être capturer des grands saumons dans la rivière. Il n’a jamais été appliqué depuis 2011 », explique Ronald Cormier.
« C’est une première pour la Bonaventure. On a été choyé dans les années 1990 à 1995, où on avait beaucoup de grands saumons qui remontaient dans la rivière. Depuis les années 2007, 2008, il y a un petit peu moins de grands saumons qui sont dans la rivière. L’année dernière, on avait très peu de grands saumons », ajoute-t-il.
Les montaisons de saumons sont en dents de scie depuis des dizaines d’années.
La rivière Bonaventure a connu une saison record en 1990, avec près de 2000 grands saumons qui sont venus frayer dans ses eaux limpides. 2007 fut l’une des pires années jamais connues, alors que 730 grands saumons sont entrés dans la rivière. L’année dernière, il y en près 960.
« L’objectif ultime c’est de permettre aux grands saumons de se reproduire à l’automne dans la rivière », soutien Ronald Cormier.
Ceux qui vivent de la rivière ne s’inquiètent aucunement de l’impact que cette mesure aura sur l’achalandage.
« La Grande Cascapédia est 100% catch & release depuis longtemps et c’est, de loin, dans tout le Québec, la rivière la plus prisée et la plus en demande. Donc ce n’est pas vrai que ça va diminuer la clientèle. Personnellement, ça fait des années que j’impose le catch & release à mes clients et que j’en fais la promotion. Donc, s’il y a de quoi, au contraire, ça va juste amener une plus belle clientèle », explique le guide de pêche Jean-Phillip Tessier.
Et cette mesure témoigne aussi d’une nouvelle mentalité chez les pêcheurs de saumon.
« Ça fait 25 ans que je suis dans l’association. On parlait de remise à l’eau dans ces années-là, on était vu comme des extra-terrestres un petit peu. Tranquillement, la clientèle s’est adaptée. Et aussi, on voit depuis les 5-6 dernières années, beaucoup de jeunes pêcheurs qui pour eux, l’activité est une activité sociale, donc pas un prélèvement. C’est d’aller passer une journée sur un beau cours d’eau avec des amis. C’est ça la pêche au saumon », conclut Ronald Cormier.