Née le 30 septembre 1919 à Bonaventure, Simone Henry peut se compter chanceuse de faire partie des 15 personnes centenaires de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine.

« Je ne voulais pas me rendre la, mais ça l’air qu’ils n’ont pas de place pour moi dans le moment. (…) Ce n’était pas dans la famille. Mes parents sont morts jeunes. Mon père à 56 ans et ma mère à 60 ans. Mes frères sont morts jeunes, sauf un à 86 ans », raconte la centenaire.

Même à 105 ans, Mme Henry a une routine passablement occupée : lecture, tricot, casse-têtes et les parties de cartes meublent ses journées.

«Sur ma tablette, je fais de la peinture à numéro, des casse-têtes. Je suis curieuse un peu; je vais sur Facebook. Je ne raconte pas mes affaires, mais je regarde celles des autres pour voir les affaires des autres», poursuit avec un sourire en coin la résidente de Bonaventure.

« Je mange à l’heure que je veux, je dîne tard, je soupe tard et je me couche tard. Le soir quand je couche, je m’assis dans mon lit pour un bout de temps et je fais des mots croisés», ajoute celle qui écrit religieusement un résumé de sa journée dans un livre avant d’aller faire dodo.

Celle qui habite toujours dans son appartement de Bonaventure avoue qu’elle a dû ralentir un peu la cadence, bien malgré elle, depuis l’an dernier, en raison de problèmes avec ses jambes.

« Je ne réalise pas que j’ai 105 ans, parce que j’ai les mêmes goûts qu’avant. J’ai encore le goût de faire bien des choses. Dans ma tête, je les fais, mais ce n’est pas pareil. J’aimais cuisiner, je faisais mon ménage et tout ça. Mais maintenant, si je vois quelque chose qui n’est correct, je ne peux pas le faire.  Je suis chanceuse, j’ai des bonnes personnes avec moi tout le temps. Mais si j’en avais plus, il faudrait que j’aille au CHSLD » admet Mme Henry.

Depuis toutes ces années, Mme Henry a reçu tous les cadeaux inimaginables, mais aucun n’a su égaler celui de lundi pour son anniversaire. Ses enfants l’ont amené chez l’une de ses filles pour un dîner festif. Il s’agissait d’une rare sortie à l’extérieur pour la centenaire puisque son logement est situé au deuxième étage et l’édifice n’a pas d’ascenseur.

«Si je pouvais descendre l’escalier, je pourrais aller sur la promenade avec ma chaise roulante. Si je pouvais faire une glissade dans l’escalier… », soupir Mme Henry.

Quatrième d’une famille de 10 enfants, Mme Henry a passé sa jeunesse à Bonaventure et Carleton-sur-Mer avant de quitter le nid familial à 16 ans pour aller garder des enfants à Montréal. Elle s’est mariée à l’âge de 25 ans, avec Laure Henry, un soldat natif de Saint-Siméon-de-Bonaventure. Ils sont revenus s’installer dans les années 1940 dans cette paroisse et tenaient un magasin général annexé à la maison familiale. De leur union sont nées six enfants 16 petits-enfants et 22 arrière-petits-enfants.

« Je ne regrette rien. (…)  Ça jouaient dehors, je leur faisait des costumes, je leur faisait tous les cadeaux des fêtes. Il y avait toujours des surprises. Je ne comprends pas aujourd’hui où j’ai pris le temps de faire tout ce que j’ai fait. »

Du plus loin qu’elle se souvienne, c’est l’arrivée de l’électricité qui a marqué l’évolution de la société contemporaine.

« Avec l’électricité, on avait le droit à la lumière. Plus tard, quelques années après, on a eu le droit d’avoir une laveuse. Ça c’était une merveilleuse une laveuse. »

Sans pouvoir identifier avec précision le secret de sa longévité, il pourrait se cacher dans le régime strict que la centenaire se soumet.

« Je m’achète du filet mignon, ça je peux le manger, c’est le seul steak que je peux manger. Je mange bien. J’aime les légumes. J’aime les bons repas. »

Simone Henry souhaite garder la forme encore longtemps afin de transmettre son savoir à ses proches et pouvoir partager des moments précieux avec eux.