Jour 1 de grève du Front commun : solidarité et support citoyen
Publié le 21 novembre 2023 à 15:05, modifié le 21 novembre 2023 à 16:34
Par: Louis-Philippe Morin
Plus de 7 300 travailleurs de la région sont descendus dans la rue pour le jour 1 de ce mouvement de grève des travailleurs de la fonction publique. Si les manifestants étaient partout sur le territoire, les chefs des principaux syndicats de la région étaient réunis à Sainte-Anne-des-Monts aujourd’hui… Demain, ils seront à Bonaventure et jeudi à Gaspé. Ils auront avec eux, comme aujourd’hui, un grand nombre de supporteurs.
C’est au son des klaxons des citoyens que les travailleurs de la fonction publique, en éducation, en santé et ceux liés aux services sociaux manifestaient pour cette première journée de débrayage en vue d’un accord avec le gouvernement du Québec. Une solidarité qui galvanise les grévistes.
« Je pense que la balle est dans le camp du gouvernement pour négocier. Ils doivent négocier avec les syndicats. Sinon, on espère que ça ne s’étirera pas trop longtemps », nous dit cette travailleuse de la santé.
« Je pense qu’on va se tenir encore plus. Si ça continuait, que ça perdure, je pense qu’on va se tenir encore plus ensemble », ajoute cette femme qui travaille dans l’enseignement.
De la Baie-des-Chaleurs à Gaspé, en passant par Sainte-Anne-des-Monts, les travailleurs veulent faire passer leur message au gouvernement du Québec. On estime qu’il faut de meilleures conditions de travail pour attirer des jeunes dans ces professions…mais aussi les retenir.
« Je parlais avec un travailleur de soutien dans un centre hospitalier qui me disait que s’il travaillait dans le privé, il gagnerait 10 $ à 12 $ de plus de l’heure. Comment voulez-vous attirer des travailleuses et des travailleurs à travailler dans la fonction publique, à travailler au service la population… », déplore Serge Saint-Pierre, président du Conseil central CSN Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine.
« On doit trouver des terrains d’entente pour améliorer les choses. Actuellement, au CISSS de la Gaspésie, c’est 150 infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes qui manquent. C’est 15 % de l’effectif. Et qui paie pour ça? C’est la population. C’est le manque de services dans les hôpitaux, dans les CLSC… Des retards pour avoir des services », affirme, quant à lui, le président du SIIIEQ, Pier-Luc Bujold.
« D’avoir moins d’élèves par classe, qui, de plus en plus, sont difficiles, parce qu’on a affaire, parfois, avec des classes ayant jusqu’à 50 % d’élèves en difficulté. Il faut équilibrer les classes pour avoir le temps d’avoir un enseignement de qualité pour tous nos élèves », scande Anne Bernier, présidente du syndicat des Travailleurs de l’enseignement de l’Est-du-Québec.
Si les salaires et les conditions de travail font partie des demandes… Les syndiqués indiquent que ce n’est pas le principal point du conflit. Ils estiment, toutefois, que le gouvernement véhicule sciemment le mauvais message, en insistant sur le fait que ces débrayages sont exclusivement dus à un litige salarial.
« C’est occulté par le jeu du gouvernement. On a vu la ministre Lebel qui ne parle que d’argent… qui veut faire passer les gens sur le terrain comme des gens qui ne veulent que de l’argent. Mais ce n’est pas ça… Dans la population, on en entend parler de façon régulière, au cours des dernières années, que les conditions de travail sont à améliorer », précise le président du Syndicat des infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes, Pier-Luc Bujold.
Lors de la dernière visite de François Legault, les représentants du Front commun ont pu s’entretenir avec lui à propos du statut particulier de la région en raison de son éloignement, mais aussi du manque de personnel dans la fonction publique, en santé et en éducation et le manque de services dans la région.
« Ce qu’on veut c’est que le gouvernement soit prêt à entendre ce qui se passe réellement dans le secteur de l’éducation pour pouvoir ensuite négocier, faire avancer les choses ici… », explique Anne Bernier.
Ce geste fort, annoncé depuis longtemps, pourrait se poursuivre au-delà de jeudi… si le gouvernement ne se présente pas à la table des négociations. Les organisations syndicales ont l’appui de leurs membres et pourraient mettre en place un débrayage illimité. Tous les syndiqués de la région se donnent désormais rendez-vous à Bonaventure mercredi, pour le second jour de grève…