Îles-de-la-Madeleine: un paramédic toujours en poste malgré un dossier criminel
Publié le 23 août 2023 à 13:42, modifié le 23 août 2023 à 17:38
Par: Patrick Giguère

Un paramédic des Îles-de-la-Madeleine, qui a été reconnu coupable de voies de fait causant des lésions, pour avoir tabassé la nouvelle fréquentation de son ex-amie de coeur, peut toujours exercer ses fonctions malgré son dossier criminel.
Les événements reprochés à Jean-Benoît Leblanc remontent en décembre 2021 et janvier 2022.
Selon ce qui a été rapporté au tribunal, la semaine dernière, au palais de justice de Havre-Aubert, Leblanc avait de la difficulté à accepter la rupture avec sa copine de l’époque. Au point tel que le soir du 13 janvier 2022, il est allé rejoindre le nouvel ami de son ex-copine, qui était à bord de sa voiture au quai de Cap-aux-Meules, pour le rouer de coups de poing et lui asséné des coups de genou au visage. La victime a eu des fractures au visage. Il l’a aussi menacé de mort. C’est un témoin qui a séparé les deux hommes avant que l’accusé ne quitte les lieux.
L’ambulancier faisait aussi face à des accusations de méfait, d’harcèlement et de voies de fait à l’égard de son ex-amie de cœur. Selon la Couronne au dossier, Me Émilie Landry Thériault, Jean-Benoit Leblanc s’est comporté de manière menaçante en suivant la plaignante avec sa voiture pour connaitre ses allées et venues et en l’appelant à plusieurs reprises.
Il évite la prison de justesse
Même si le risque de récidive n’est pas complètement impossible, un rapport présentenciel «mitigé» qui démontre que l’accusé avait de la difficulté à gérer ses émotions et excès de colère, le juge Denis Paradis s’est rangé derrière la suggestion commune des deux parties, qui a nécessité aussi une longue réflexion de la part du ministère public. Il s’agit d’une peine dans la collectivité.
Leblanc devra respecter de sévères conditions, poursuivre ses démarches de réhabilitation avec des suivis psychologique, compléter 240 heures de travaux communautaires et verser 1000$ à des organismes communautaires de l’archipel. Il devra aussi fournir un échantillon d’ADN et ses armes à feu ont été confisquées.
Toujours à l’emploi de l’entreprise familiale
Malgré ces faits, Jean-Benoit Leblanc, qui est un employé cadre et non syndiqué chez Ambulance Leblanc, conserve toujours ses cartes de paramédic. Le propriétaire de l’entreprise, qui est par le fait même le père de l’accusé, a confirmé à CHAU-TVA que son fils était toujours bel et bien à l’emploi de la compagnie et qu’il n’avait pas l’intention de le relever de ses fonctions. Selon Benoit Leblanc, c’est une affaire personnelle et qui n’a aucun lien avec son travail. Il assure qu’il n’y a aucun malaise dans la communauté ou au sein de l’équipe.
Le syndicat qui représente l’équipe d’Ambulance Leblanc livre une version bien différente.
«Oui, c’est sûr qu’on a eu des appels de nos membres aux Îles-de-la-Madeleine concernant la situation. Il y a des préoccupations quant à la population et au travail de paramédic. (…) Ce qu’il faut comprendre, c’est que la loi sur les SPU est établie pour les paramédics qui commentent des actes criminels. ll y a un comité d’examen qui va se pencher sur la situation. Il faut comprendre que le comité d’examen a pour but de protéger la population pour savoir s’il y a des risques de récidives auprès de la population lors des interventions», explique le vice-président aux relations de travail à la Fédération des employés du préhospitalier du Québec, Jérémie Landry.
Le directeur médical régional des services préhospitaliers d’urgence (SPU), Dr Michel Roy, n’a pas retourné nos nombreuses demandes d’entrevue.
Puisque son bureau est basé en Gaspésie, par courriel, le Centre intégré de santé et de services sociaux de la Gaspésie a tenu à préciser que les réseaux de santé ne sont pas les employeurs des paramédics.