Il dort dans son véhicule par un froid glacial
Publié le 11 février 2021 à 17:50, modifié le 11 février 2021 à 17:50
Par: CIMTCHAU
L’itinérance n’est pas un problème unique aux grandes villes. Notre équipe a rencontré Vincent Lagueux, un homme début trentaine qui a dormi dans son véhicule hier soir à Rivière-du-Loup.
Le facteur éolien amenait la température ressentie à près de -25 degrés cette nuit. Vincent Lagueux, lui, tentait tant bien que mal de conserver la chaleur dans son véhicule. Il a accepté de partager son histoire pour espérer en aider d’autres dans la même situation et sensibiliser la population.
« L’itinérance c’est souvent que t’as pas d’adresse, t’as pas de place où être en sécurité, t’as pas de place où bien manger. Tu es constamment en déplacement. T’es constamment en mode survie », explique-t-il.
Parti de la Gaspésie, il a fait un arrêt à Rimouski, puis à Rivière-du-Loup. Ses cochambreurs en Gaspésie consommaient régulièrement des drogues dures et de l’alcool, rien pour aider sa dépendance. Il doit maintenant se rendre à Joliette.
Son parcours louperivois s’est entamé de façon intéressante, alors qu’il a pu dormir mardi dans une ressource d’hébergement, La Bouffée d’Air du KRTB, où il s’est senti en sécurité. Il a cependant décidé de quitter de son propre gré le lendemain, justement dans l’objectif de se rendre à Joliette.
« Vincent nous demandait une nuit, et avait un projet le lendemain qui nous rassurait, et il devait quitter. Plus de sous, plus de monde, on n’aurait pas pu aider plus Vincent. » – Hélène Chabot, directrice générale de La Bouffée d’Air
Il a finalement décidé de rester à Rivière-du-Loup mercredi, où il a assisté à une rencontre anonyme où les gens ayant des problèmes de consommation peuvent discuter entre eux. Faute d’endroit où se loger, il a choisi de dormir dans son automobile près d’une station-service, équipé d’un sac de couchage et de ses bottes. Il a dû se déplacer pendant la nuit en raison d’une intervention des policiers. Lui et son véhicule ont finalement terminé la nuit dans le stationnement de l’hôpital de Rivière-du-Loup.
Un grand défi pour les intervenants
Les ressources sont rares dans la région, et aucun centre d’hébergement ne se spécialise en itinérance. L’un des défis, faire comprendre à ces personnes pourquoi elles se retrouvent à la rue.
« La personne a pris probablement des années et des années, toute une vie à décrocher comme ça. Pleins de ruptures, pleins de deuils. Tu ne peux pas raccrocher comme ça. Les liens et le raccrochage se font tranquillement. Entre temps, il y a des situations qui nous semblent aberrantes », d’expliquer Hélène Chabot.
Pas de doute, la solution passe selon elle par une collaboration serrée entre tous les intervenants, que ce soit le CISSS du Bas-Saint-Laurent, les travailleurs de rue, les maisons d’hébergement et les policiers qui ont fréquemment à gérer ce type de situation. Une collaboration qui se serait améliorée avec la pandémie. L’intervenante rappelle cependant que les personnes en situation d’itinérance doivent aussi être prêtes à faire des changements dans leurs vies et que ce n’est pas toujours le cas.
En attendant, Vincent Lagueux a reçu une bonne nouvelle cet après-midi puisqu’il pourra dormir dans un lit, au chaud, jeudi soir. Mais vendredi, qui sait?