Hausse des cas, Omicron et tests rapides : l’infectiologue Pierre Harvey répond à vos questions
Publié le 20 décembre 2021 à 17:33, modifié le 21 décembre 2021 à 12:26
Par: CIMTCHAU
Alors que le Bas-Saint-Laurent est frappé par une hausse marquée des cas de COVID-19, le médecin biologiste et infectiologue Pierre Harvey a accepté de nous parler du variant Omicron, de l’efficacité et de l’utilité des tests rapides et de ce qui pourrait expliquer cette hausse fulgurante des nouvelles infections.
Sur Omicron et la hausse des cas
Jusqu’ici, le CISSS du Bas-Saint-Laurent, selon le criblage effectué pour la région, ne recense pas encore de cas lié au variant Omicron. Néanmoins, Dr Harvey, qui baigne quotidiennement dans le laboratoire où sont analysés les tests de dépistage à Rivière-du-Loup, explique avoir noté au cours de la dernière fin de semaine une forte augmentation du pourcentage de tests positifs par rapport au nombre de tests effectués. Ses équipes, sans dire qu’elles ont atteint une pleine capacité de traitement, sont débordées.
« On doit prendre acte que même si on est vraiment tanné, tout le monde est tanné. Je vous le dis, ici au laboratoire, les gens ne savent plus ou donner de la tête parce que ça rentre par caisse les demandes d’analyse et nos appareils ne peuvent pas en faire plus que tant par heure », explique-t-il.
Même si des cas du variant n’ont pas encore été détectés, ce ne pourrait être qu’une question de temps.
« Je vous dirais que de façon prudente, je n’en ai pas la preuve via le criblage, mais il semble qu’Omicron soit ici, pour que ça explose avec une telle vigueur. » – Dr Pierre Harvey, médecin-biologiste et infectiologue à l’hôpital de Rivière-du-Loup
Et ce variant, qui monopolise l’attention depuis quelques semaines, partout dans le monde, qu’a-t-il de spécial? Selon lui, il ne fait aucun doute, il est « extrêmement plus contagieux » et « peut se répandre comme de la poudre », mais est-il plus virulent?
« Quant à la virulence, c’est-à-dire à quel point il peut rendre les gens malades, pour le moment on n’a pas suffisamment de recul pour dire, pour rassurer les gens qu’il est moins virulent. Ça semble être le cas, mais jamais je ne m’avancerais à dire que personne ne va être très malade avec le variant Omicron. Ce serait faux, il n’y a aucune donnée qui prouve ça », lance-t-il.
La hausse rapide des cas dans la région cette fin de semaine peut-elle être expliquée par d’autres facteurs que le variant, qui n’a pas encore été officiellement détecté ici?
« Je crois que ce qui a parti le bal depuis une semaine ou 10 jours, c’est effectivement plus relié au relâchement des précautions par de plus en plus de gens qu’à Omicron. Donc on a comme deux problèmes en même temps : une explosion des cas de Delta, le virus qui circule depuis la dernière année au Québec et l’augmentation progressive d’Omicron », souligne-t-il.
En se basant sur des études britanniques, un pays où les vagues de COVID-19 devancent souvent celles du Québec, Dr Harvey précise qu’une troisième dose de vaccin serait efficace contre le variant.
« Il semble que la troisième dose de Pfizer ou de Moderna remonte l’immunité, le taux d’anticorps protecteurs jusqu’à 90%, donc on parle de jusqu’à 90% de protection de la maladie grave », explique-t-il, en précisant que la vaccination n’empêchait pas nécessairement d’attraper le virus, mais bien d’en développer des symptômes graves, dans une proportion de 90%.
Le Dr Harvey a encouragé ceux qui le peuvent à aller chercher une troisième dose de vaccin, et a aussi proposé aux citoyens qui comptent se rassembler à Noël de ventiler la maison à quelques reprises.
« C’est une excellente méthode pour diminuer le risque. Ça n’enlève pas l’obligation de prendre toutes les autres précautions », précise l’infectiologue.
Sur les tests rapides
Un nouvel outil a été mis à la disposition des citoyens ce matin, pour le dépistage. Les tests rapides ont fait leur entrée en pharmacie ce matin et se sont envolés rapidement un peu partout.
« Le test rapide en fait, on détecte des morceaux de virus avec le test. Le même principe qu’un test de grossesse. Pour qu’on puisse en détecter avec ce type d’examens là, ça en prend une certaine quantité de virus, il faut qu’il y en ait pas mal. Ça a été démontré que c’est fiable, on va détecter 80% des gens symptomatiques qui ont la COVID, donc c’est quand même excellent », note-t-il.
Si l’outil est intéressant, les citoyens doivent demeurer vigilants même si le test rapide affiche un résultat négatif.
« Il est possible que je sois en début d’infection sans le savoir. Parce que quand le virus commence à se reproduire en nous, avant qu’il y ait des symptômes, il y a une période peut-être un à deux jours, où on excrète du virus, mais pas suffisamment pour que le test rapide soit positif. Il ne faut pas penser que parce qu’il est négatif aujourd’hui que demain… il ne répond pas pour ce qui va se passer demain », illustre-t-il.