Grande-Rivière : une déconstruction plutôt qu’une démolition
Publié le 25 septembre 2023 à 14:34, modifié le 25 septembre 2023 à 14:34
Par: Louis-Philippe Morin

Faut-il changer la façon dont nous démolissons nos bâtiments désuets? Un projet pilote a démontré que oui. Pour la première fois dans l’Est-du-Québec, des entrepreneurs ont procédé à déconstruire des bâtiments, en conservant les matériaux réutilisables.
Les terrains qui entourent l’ancienne quincaillerie de Grande-Rivière, transformée en nouvelle caserne de pompier, abritaient des entrepôts. La Ville voulait en faire un ensemble résidentiel… la solution facile aurait été de passer la machinerie et les pelles mécaniques… Mais c’était sans compter sur les idées innovantes des gestionnaires de la Régie intermunicipale de traitement des matières résiduelles.
« On a parlé avec les gens de la ville. Ils ont été extrêmement ouverts. On leur a dit : pourquoi on ne transformerait pas ça en projet pilote de déconstruction. L’idée, au départ, c’était de démontrer qu’on pouvait faire autrement. On n’est plus obligé de démolir systématiquement des bâtiments en mettant la pelle dedans, en écrasant les matériaux, en mettant ça dans un conteneur et en envoyant ça à l’écocentre ou aux sites d’enfouissement. », affirme la directrice générale de la RITMRG, Nathalie Drapeau.
Une démolition classique envoie plus de 95% des matériaux aux sites d’enfouissement. Comme le prix relié à l’enfouissement ne cesse de grimper, l’idée de réemployer les matériaux a enchanté les élus de la municipalité. Ils ont pu bénéficier d’un fonds vert du gouvernent du Québec. Des démarches compliquées, mais valorisantes.
« Mais au niveau de l’empreinte écologique, on sort gagnant. Même économiquement… On a fait une économie – pas une grosse économie -, une économie de 2 %. Le fait de réutiliser 135 tonnes de matériaux et de le mettre à disposition des citoyens qui ont fait pleins de projets avec ça. Je pense que c’est ce qui ressort le plus du rapport final. », précise Kent Moreau, directeur général de Grande-Rivière.
Pour ceux qui ont participé à cet effort, le travail en vaut l’effort.
« On est rendu là. L’enfouissement, ça coûte cher. On est rendu là. Il faut s’adapter. C’est sûr qu’un jour, ça va devenir ça. », renchérit Maxime Tardif, l’entrepreneur en construction qui a participé à ce projet.
Plus de 70% des matériaux déconstruits ont été offerts à la population lors de plusieurs ventes estivales qui ont+ permis, jusqu’à maintenant, de récolter un peu plus de 15 mille dollars…
« C’était comme l’événement. C’était le fun de voir le monde qui venait ici et qui disait : ah oui, avec ça je pourrais faire ça… C’est des cabanes de chasse, des galeries, des remises. Ce sont des jeunes qui viennent chercher des trucs pour faire des jumps. », se remémore la DG de la Régie.
Pour ce qui est de l’avenir, Grande-Rivière y pensera à deux fois avant de prendre l’option de la démolition systématique.
« Pour passer de l’intention au geste, il faut du soutien. Donc… Est-ce que les entrepreneurs, par exemple, qui vont dire moi ça m’intéresse la déconstruction, mais ça me prendrait un peu de soutien financier. Ça serait plaisant que les municipalités puissent dire : ah ben, justement, il y a une enveloppe ici, on peut compenser 10 %, on peut… Donc, le soutien financier est nécessaire. », conclue madame Drapeau.