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Garderies : une vague de fermetures qui fait mal

Publié le 29 août 2019 à 17:42, modifié le 30 août 2019 à 12:25

Par: Catherine Pellerin

Trouver une place en garderie au Bas-Saint-Laurent est extrêmement difficile présentement. Depuis un an environ, on assiste à une vague de fermetures de services de garde privés en milieu familial. Ce sont les nouvelles dispositions de la Loi 143, qui entrent en vigueur le 1er septembre, qui dérangent.

À Rivière-du-Loup, Cindy Michaud fait partie de celle qui doit fermer ses portes. « C’est de la colère chez les parents beaucoup, même s’ils comprennent notre décision. »

Une décision prise à contrecœur par plusieurs.

« C’est des enfants que j’aime d’amour et des parents que j’apprécie énormément. Savoir que je les laissais dans le pétrin, ça m’angoissait énormément », affirme Josiane Côté, une autre éducatrice qui fermait son service de garde cette semaine.

Ce qui pose problème pour de nombreuses responsables de services de garde privés non reconnus : elles doivent dorénavant compter dans leur ratio leurs propres enfants, jusqu’à l’âge de 9 ans.

« Avec deux enfants à ma charge, fallait que je diminue mon ratio de deux. Je peux en avoir quatre au lieu de six. On perd de l’argent. Financièrement, je n’arrivais plus », explique Cindy Michaud.

Également, il sera désormais interdit pour ces éducatrices de se faire remplacer, le temps de quelques heures.

Une pénurie de places en garderie qui s’aggrave

Conséquence de ses nombreuses fermetures en milieu privé, les places disponibles en garderies sont devenues extrêmement rares.

Au CPE de Rivière-du-Loup par exemple, 377 enfants sont inscrits sur la liste d’attente, ainsi que 100 bébés, qui ne sont même pas encore nés. Du jamais vu depuis au moins 10 ans.

« Il n’y a pas une journée ou il n’y a pas un parent qui ne pleure pas au téléphone. Et on n’arrive pas à répondre à ces demandes-là. Même la garde en milieu familial est pleine, nos responsables nous disent qu’ils ne peuvent même pas prendre de personnes en attente, car leurs listes personnelles sont pleines », explique Marie-Claude Desbiens, directrice générale du CPE de Rivière-du-Loup.

Pourtant, selon le ministère de la Famille, le nombre de places en garderie dans la région, est actuellement suffisant. Selon les chiffres du gouvernement, l’offre correspond à la demande.

Marie-Claude Desbiens demande à Québec de faire rapidement une évaluation réelle des besoins, afin d’ouvrir de nouvelles places.

« On n’est pas du tout en situation d’équilibre, on est en pénurie sévère. En 27 ans, je n’ai pas vu ça souvent. »

Une loi qui soulève la grogne

Plusieurs responsables de services de garde ont décidé, malgré tout, de poursuivre en se conformant ou même de s’accréditer avec un CPE. Les nouvelles dispositions de la loi 143 leur laissent un goût amer.

Voici quelques témoignages recueillis par CIMT-TVA.

« Je ne ferme pas, mais j’aimerais bien que le message passe. Je trouve stupide que je ne pourrai plus me faire remplacer pour un rendez-vous. Par exemple, pour prendre ma photo de permis de conduire à la SAAQ, ce qui est possible le jour seulement, je devrai fermer mon service et mettre 5 familles dans la merde. Je trouve stupide aussi que ma fille de 8 ans, qui va à l’école, compte dans mon ratio et enlève une place à un autre enfant. J’ai 11 ans d’expérience, j’ai fait mon DEC en Éducation à l’enfance, et je veux rester travailleuse autonome! Ce n’est pas le métier le plus payant au monde, mais c’est le plus valorisant à mes yeux! »

« La nouvelle loi 143 a fait en sorte que j’ai dû dire à des parents que je ne renouvellerai pas leur contrat en septembre. Étant maman de 2 enfants de 5 et 6 ans, je dois maintenant les compter dans mon ratio. En perdant 2 enfants « payants », c’est 14 000$ de revenu annuel que je perds tout en faisant le même travail. Nous ne pouvons plus non plus nous faire remplacer , donc si nous devons nous absenter, nous devons fermer. Je croyais faire ce métier très longtemps, mais avec tout ce que cette loi implique, je ne me donne pas encore long. »

« Je vis une énorme anxiété depuis l’adoption de cette loi. Nous ne sommes plus notre patron. Nous sommes des personnes « non reconnues » aux yeux du gouvernement. Mon travail, je l’aime, mais je ne ferai pas faillite pour continuer dans ce domaine. Les fermetures ne font que commencer, malheureusement… »

« Pour ma part la loi 143 m’a poussé vers l’accréditation! La loi 143, de la façon dont je l’interprète, c’est que le gouvernement veut gérer tous les services de garde pour offrir de la qualité. Seulement, en resserrant les « normes », cela pousse de bons milieux privés à fermer! »

« La conciliation travail/famille n’est plus possible au privé, car la loi interdit de se faire remplacer. Dites-moi, qui ne s’absente jamais de son emploi pour un rendez-vous important? »