Feux de tourbières : producteurs, pompiers et MRC tentent de s’améliorer
Publié le 16 août 2021 à 17:36, modifié le 16 août 2021 à 17:37
Par: CIMTCHAU
L’incendie de tourbière qui s’est déclaré chez l’entreprise Premier Tech, vendredi dernier, à Saint-Modeste, a rapidement été maîtrisé. Les conséquences auraient pu être bien plus graves, comme ce fut le cas en 2014 à Saint-Modeste et à Rivière-Ouelle en 2020. Les producteurs, les services incendie et les MRC tentent constamment d’améliorer leurs pratiques afin d’éviter de telles catastrophes.
À Saint-Modeste, samedi matin, l’odeur de brûlé rappelait celle de l’incendie de 2014, qui avait ravagé plusieurs hectares de forêt. Depuis, les producteurs de tourbe de la région se sont dotés d’un guide des meilleures pratiques.
« On travaille avec tous nos membres, donc les producteurs de tourbe, pour élaborer des guides de meilleures pratiques. On a commencé une première version en 2018 et c’est quelque chose que l’on met à jour régulièrement, selon l’expérience et les incidents qui ont pu avoir lieu dans les années qui ont passé », explique d’emblée Stéphanie Boudreau, directrice de l’Association des producteurs de tourbe horticole du Québec (APTHQ).
Elle précise qu’une démarche de mise à jour du guide, spécifique à la grande région de Rivière-du-Loup, a été amorcée l’automne dernier. Les différents services incendie et les producteurs de tourbe ont pu partager leur savoir.
« Il y avait un besoin de s’asseoir ensemble pour partager l’expérience, pour apprendre à se connaître, pour apprendre les pratiques des autres. Parce que les producteurs de tourbe, bien sûr, c’est leur ressource, donc ils ont déjà beaucoup de pratiques à l’interne qu’ils déploient s’il y a un incident comme ça qui arrive. Des fois ça va être très mineur et ils vont avoir ce qu’il faut pour éteindre le feu rapidement, mais il y avait un besoin aussi de coordination avec les services incendie », précise la directrice de l’association.
Si les producteurs de tourbe sont déjà équipés de citernes d’eau sur leurs terrains, en plus d’avoir des tracteurs munis d’équipements de prévention, certaines améliorations ont quand même été apportées au cours des dernières années. Parmi celles-ci, des ententes entre les producteurs de tourbe et les producteurs agricoles pour avoir accès à leurs camions-citernes au besoin.
« On ne peut pas aller sur la tourbière avec n’importe quel équipement motorisé et souvent, les réservoirs agricoles qui se joignent à un tracteur, bien ça peut vraiment accéder à l’endroit où l’incendie est pris. Justement, les réservoirs agricoles ont été utilisés vendredi et samedi et ça a vraiment beaucoup aidé », illustre-t-elle.
Le guide des meilleures pratiques inclut maintenant une visite annuelle des pompiers dans les tourbières, au printemps. L’objectif : déterminer les routes carrossables et celles qui ne le sont pas, en cas d’incendie.
La directrice de l’APTHQ ajoute que la prévention et l’amélioration des plans de mesures d’urgence se font continuellement. « On va avoir un post mortem cet automne à Rivière-du-Loup avec les services incendie et les producteurs, pour voir s’il y a encore des choses qu’on peut améliorer. Donc c’est vraiment une discussion en continu qu’on a pour voir ce qu’on peut faire de mieux dans le futur pour aider à prévenir et contrôler ces événements-là », souligne-t-elle.
Rivière-Ouelle mieux préparée
Le souvenir de l’incendie majeur des Tourbières Lambert l’année dernière, à Rivière-Ouelle, est encore bien frais dans les mémoires. Le directeur du Service de sécurité incendie Kam-Ouest en a tiré des leçons.
« On est sortis grandis de ça. On a appris beaucoup et n’oubliez pas… que ce soit moi ou les autres services incendie ou même les pompiers de la régie Kamouraska-Ouest, on a appris beaucoup de ce gros feu », explique Christian Gagnon.
Il explique notamment qu’un poste de commandement serait érigé directement aux Tourbières Lambert, si un autre incendie du genre devait survenir et « il ne bougera pas de là », souligne-t-il. Il précise que d’autres postes de commandement seraient érigés pour faciliter les communications.
Tourbières Lambert participe aussi aux efforts de prévention. Dans la dernière année, l’entreprise a mis en œuvre un plan de prévention incendie pour leur territoire à eux autres avec l’association des tourbières et la municipalité de Rivière-Ouelle. Le service incendie, disons qu’on était impliqué grandement dans leur processus », explique M. Gagnon.
S’il croit que son équipe a été proactive lors du feu de 2020, il pense pouvoir faire encore mieux.
« C’est sûr que l’appel aux autres casernes va se faire instantanément. On va aimer mieux retourner des casernes dont on n’a pas besoin chez elle, que d’attendre trop tard, et que ça fasse comme en 2020. » – Christian Gagnon, directeur du Service de sécurité incendie Kam-Ouest
Christian Gagnon ajoute que les Tourbières Lambert se sont équipées davantage après l’incendie de 2020 et ces équipements seraient à la disposition des pompiers advenant un autre feu.